La semaine qui s’achève restera sans doute comme un tournant symbolique pour la RDC. Accord de paix ‘historique’ paraphé avec le Rwanda, appels renouvelés au dialogue national, procès retentissants pour crimes sexuels, et récits poignants d’une société blessée clôturent ce mois de juin. Mais derrière l’élan diplomatique, un constat s’impose avec gravité : la paix célébrée à Washington résonne surtout, sur le terrain, comme une promesse en suspens pour des millions de Congolais toujours otages de l’insécurité et de l’impunité.
Le 28 juin, sous médiation américaine, la signature de l’accord RDC–Rwanda à Washington a suscité l’espoir d’un nouvel ordre sécuritaire dans la région des Grands Lacs. Ce mécanisme inédit, axé sur la neutralisation conjointe des FDLR, la réinstallation des réfugiés et la coopération économique, devait incarner la volonté ferme des dirigeants de tourner la page de la guerre à l’Est. Si Kinshasa célèbre ce virage, la réalité immédiate contredit radicalement l’affichage optimiste : combats sanglants, prises d’otages par les ADF, attaques du M23, déplacements massifs dans le Nord-Kivu et l’Ituri, et une crise humanitaire que la MONUSCO elle-même qualifie de ‘catastrophique’.
Dès le lendemain de l’accord, la société civile, des opposants comme Katumbi ou Kabund, et la MONUSCO rappelaient l’ampleur du scepticisme national. Répression persistante, instrumentalisation de la guerre contre les voix dissidentes, insécurité urbaine croissante — autant de signaux qui minent la confiance dans la naissance d’une paix véritable. D’autant que les chiffres de la semaine sont accablants : 250 000 victimes de violences sexuelles officiellement recensées, près de 27 millions de compatriotes en insécurité alimentaire, et des juges militaires appelés à sanctionner leurs propres frères d’armes pour crimes contre la population. Comment célébrer la concorde quand la justice reste à construire, et que le drame quotidien des déplacés et otages se répète à Mambasa, Birambizo ou Rutshuru sans réponse structurelle ?
La justice, justement, s’est invitée au cœur du débat. Lubero a vu s’ouvrir un procès d’ampleur contre militaires FARDC et civils accusés de violences sexuelles et d’enlèvements. Au même moment, le gouvernement érige la ‘justice transitionnelle’ en doctrine officielle, mais doit affronter l’indignation de la société civile et une méfiance profonde quant à la lutte réelle contre la corruption et l’impunité des élites. L’attention internationale, relancée par la proclamation à Washington de la ‘Journée des Américano-Congolais’, rappelle que le sort de la RDC est désormais sous surveillance mondiale, mais cette visibilité doit impérativement se traduire par un soutien massif à l’aide humanitaire et à la reconstruction sociale du tissu national.
La semaine passée avait déjà révélé une société au bord de la rupture, attendant un geste politique fort. Le climat actuel, entre espoir diplomatique et réalité tragique sur le terrain, ne laisse plus aucun doute : paix et justice ne peuvent être de simples slogans. Il y va de la dignité et de l’avenir de notre nation.
Le peuple congolais, une nouvelle fois, répond présent par sa résilience. Mais il ne veut plus de demi-mesures ni de promesses sans lendemain. La communauté internationale doit accompagner non plus seulement la signature d’accords, mais surtout leur mise en œuvre concrète, sous contrôle citoyen et judiciaire, pour que cesse le cycle de la violence. C’est le rôle de chacun, ONG, État, diaspora et simples citoyens, d’exiger que 2025 ne soit pas une nouvelle année perdue pour la paix, la justice et la dignité humaine en RDC. Restons lucides et solidaires : l’intérêt public impose vigilance et courage.
— La Rédaction de CongoQuotidien