L’est de la République Démocratique du Congo connaît un revirement stratégique majeur. Les wazalendo RDC, ces groupes armés intégrés comme partenaires des Forces Armées de la RDC (FARDC), font désormais l’objet d’opérations militaires ciblées. Jeudi, des affrontements violents ont éclaté dans le territoire de Lubero, opposant la coalition FARDC-UPDF aux miliciens locaux.
Cette escalade survient directement après les déclarations fracassantes du général Muhoozi RDC, chef d’état-major ougandais. Dimanche dernier, à Kinshasa, le fils du président Museveni a lancé un avertissement sans équivoque : “Les wazalendo sont assurément une force négative. Nous les attaquerons partout où nous les trouverons”. Une position qui contredit radicalement la doctrine officielle congolaise.
Pendant des mois, ces miliciens Nord-Kivu et Sud-Kivu ont bénéficié du statut de “patriotes”. Intégrés comme Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), ils ont combattu aux côtés des FARDC contre le M23, empêchant notamment la chute de Goma. Kinshasa voyait en eux un rempart contre l’offensive rebelle.
Mais cette légitimation suscitait déjà l’inquiétude. Les organisations internationales dénonçaient régulièrement ce partenariat avec d’anciennes forces négatives. Était-ce là une bombe à retardement ? La question se pose avec acuité depuis l’intervention de jeudi.
Sur l’axe Vuyinga-Mabambi, dans la chefferie des Baswagha, la coalition FARDC-UPDF a lancé une offensive contre des positions Mai-Mai. Les combats, d’une rare intensité, ont duré toute la journée. Les témoins décrivent des échanges de tirs nourris et des mouvements tactiques inhabituels dans cette zone de Lubero.
Ce vendredi, une accalmie précaire s’est installée. Mais les séquelles sont palpables. Les activités économiques et scolaires restent paralysées. Les habitants, terrés chez eux, vivent dans une psychose collective. Les routes d’accès demeurent impraticables, isolant plusieurs localités.
Le paradoxe est saisissant. Ces mêmes wazalendo RDC, encensés hier comme rempart contre le M23, sont aujourd’hui pris pour cible par l’allié ougandais. Comment expliquer ce renversement d’alliances ? La déclaration du général Muhoozi RDC à Kinshasa semble avoir servi d’étincelle. Son passage éclair dans la capitale congolaise a visiblement scellé le sort des miliciens.
Les implications stratégiques sont profondes. Cette offensive conjointe remet en cause le modèle d’intégration des milices. Le désarmement des miliciens Nord-Kivu, déjà complexe, devient un casse-tête opérationnel. Les observateurs s’interrogent : la coalition peut-elle simultanément combattre les ADF, contenir le M23 et neutraliser les wazalendo ?
La tension monte d’un cran dans l’Est congolais. Les affrontements Lubero illustrent la volatilité des alliances dans cette région minée par les conflits. Alors que les populations aspirent à la paix, elles subissent les contrecoups de cette nouvelle configuration militaire. La communauté internationale suit ces développements avec une inquiétude grandissante.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
