Alors que le réseau ferroviaire de la République Démocratique du Congo affiche un taux de délabrement dépassant 70%, la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC) tire la sonnette d’alarme : ses locomotives japonaises Hitachi, colonne vertébrale du transport depuis des décennies, nécessitent un renouvellement matériel urgent. Félix Mazowa, directeur de la planification de la SNCC, a interpellé le Japon mercredi 25 juin en marge de l’Exposition internationale 2025 à Osaka, pointant du doigt un soutien technique Japon RDC défaillant. « Nous avons eu l’impression que les Japonais nous ont abandonnés techniquement », a-t-il déclaré, une phrase lourde de conséquences pour un secteur crucial représentant près de 15% du PIB des provinces minières.
Comment expliquer cette rupture dans la coopération ferroviaire entre Kinshasa et Tokyo ? Les locomotives de seconde génération, fournies par Hitachi dans les années 1990, constituent l’épine dorsale du parc de la SNCC locomotives Japon. Or, leur vieillissement accéléré – certaines dépassant 300 000 kilomètres – coïncide avec une pénurie de pièces détachées et d’expertise maintenance. Résultat : seulement 40% du parc roulant reste opérationnel, engendrant des retards chroniques et un surcoût logistique estimé à 12 millions USD annuels pour les exportations minières. Le renouvellement matériel SNCC n’est donc plus une option, mais une nécessité économique vitale.
L’Exposition Osaka 2025 sert de tribune stratégique pour relancer ce partenariat. Mazowa y défend trois priorités : un accord de transfert technologique pour former les ingénieurs congolais, un plan de remplacement progressif des locomotives obsolètes, et la création d’une ligne de crédit dédiée. Le choix d’Hitachi ferroviaire RDC n’est pas anodin : leur adaptabilité aux voies congolaises et leur faible consommation énergétique les rendent incontournables. Pourtant, face à la concurrence chinoise et turque, le Japon risque de perdre un marché clé en Afrique centrale s’il ignore cet appel.
Les implications économiques sont profondes. Sans un soutien technique Japon RDC renforcé, la SNCC ne pourra assumer son rôle de locomotive du développement. Le transport de minerais vers les ports atlantiques pourrait chuter de 30%, affectant directement les recettes d’exportation. Parallèlement, le désenclavement des régions rurales – promesse du gouvernement – resterait lettre morte. Faut-il voir dans cette prise de parole à Exposition Osaka 2025 un ultimatum diplomatique ? La balle est désormais dans le camp nippon : sa réponse déterminera si le rail congolais reste sur la voie de la croissance ou déraille définitivement.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net