Lubumbashi, capitale du Haut-Katanga, subit une vague d’insécurité sans précédent. Des bandits armés opèrent désormais en toute impunité lors d’incursions nocturnes quasi-quotidiennes. Cette criminalité urbaine en RDC frappe indistinctement plusieurs quartiers, semant la terreur parmi les habitants. Comment expliquer cette impunité persistante ?
Le criminologue Patient Umba pointe du doigt l’absence criante de mécanismes d’évaluation des opérations sécuritaires. Dans une analyse accablante, l’expert en sécurité urbaine révèle : “Chaque initiative contre l’insécurité à Lubumbashi reste sans bilan concret. Cette carence fragilise toute stratégie de prévention”. Un constat qui interroge sur l’efficacité réelle des dispositifs en place.
La cartographie policière elle-même suscite des interrogations fondamentales. Le doctorant en criminologie souligne une implantation “non rationnelle” des commissariats. Cette distribution aléatoire des forces de l’ordre compromettrait gravement la réactivité face aux urgences. La sécurité urbaine nécessiterait pourtant une approche méthodique, scientifiquement étayée.
Le système actuel génère des dysfonctionnements opérationnels majeurs. Lors des interventions, les commissariats se transforment en simples postes de gardiennage passifs. Patient Umba dénonce : “Toute action dépend d’un centre de coordination centralisé. Les policiers de terrain deviennent des gardiens de véhicules”. Une centralisation excessive qui paralyse la chaîne de commandement.
Face à cette insécurité grandissante à Lubumbashi, l’expert prescrit une refonte complète de l’appareil policier. Sa proposition ? Une politique locale de sécurité urbaine avec trois piliers stratégiques : présence renforcée dans les quartiers, patrouilles nocturnes systématiques, et réactivité immédiate. La proximité policière constitue selon lui l’antidote au banditisme.
L’évaluation sécurité doit devenir un impératif catégorique. Chaque opération nécessiterait désormais un audit rigoureux de son impact réel. Cette approche scientifique permettrait d’ajuster les tactiques sur des données tangibles plutôt que sur des intuitions. La réforme police congolaise passerait ainsi par une culture du résultat mesurable.
La situation actuelle révèle un paradoxe troublant : malgré les moyens déployés, la criminalité urbaine en RDC ne régresse pas. Les bandits adaptent leurs méthodes plus vite que les forces de l’ordre n’ajustent leurs stratégies. Ce décalage mortel exige une restructuration profonde du dispositif sécuritaire katangais.
Les autorités provinciales se retrouvent désormais sous pression. L’appel du criminologue résonne comme un ultimatum face à l’urgence sociale. Sans réforme immédiate axée sur l’anticipation et la décentralisation, l’insécurité à Lubumbashi risque de franchir un seuil critique. Le temps des diagnostics est révolu ; place à l’action évaluée.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
