La commune rurale d’Oicha, située à une trentaine de kilomètres de Beni dans le Nord-Kivu, traverse une crise sanitaire animale alarmante. Depuis avril, une épidémie de peste des petits ruminants RDC ravage les troupeaux de chèvres, causant la mort de plus de 180 bêtes selon les autorités vétérinaires locales. Cette maladie virale hautement contagieuse, comparable à une traînée de poudre dans les élevages, représente une menace économique majeure pour les éleveurs de cette région déjà vulnérable.
Patrick Mubarikiwa, responsable vétérinaire à Oicha, tire la sonnette d’alarme avec une mise en garde sans équivoque : “Consommer la viande d’animaux morts de cette épidémie équivaut à jouer à la roulette russe avec sa santé”. Son avertissement repose sur des faits scientifiques incontestables : les risques liés à la viande contaminée sont extrêmes, car si le virus a tué l’animal, l’organisme humain n’y résistera pas davantage. Pour illustrer ce péril, il évoque le cas de l’anthrax où la contamination peut être fata≤le en quelques heures seulement. Une question se pose alors : pourquoi prendre un tel risque pour un repas ?
Malgré les campagnes de sensibilisation, certains habitants continueraient de consommer des animaux morts naturellement, une pratique aux conséquences potentiellement désastreuses. Face à cette situation, les services vétérinaires annoncent le déploiement de dispositifs sanitaires d’urgence pour contenir l’épidémie de chèvres Oicha. Des barrières sanitaires mobiles et des équipes de surveillance renforcée sont notamment prévues pour circonscrire la propagation de ce fléau animalier.
La peste des petits ruminants, spécifiquement ciblée sur les chèvres et moutons, se caractérise par une fièvre brutale, des lésions buccales et des diarrhées hémorragiques menant à une déshydratation mortelle. Avec des taux de mortalité pouvant atteindre 90% dans les troupeaux non vaccinés selon l’Organisation mondiale de la santé animale, cette maladie animale Beni constitue une épée de Damoclès suspendue au-dessus des moyens de subsistance des éleveurs locaux.
Comment expliquer la persistance de cette santé animale Nord-Kivu précaire ? Plusieurs facteurs entrent en jeu : la densité élevée des troupeaux, les mouvements transfrontaliers non contrôlés, et surtout le manque chronique de campagnes de vaccination systématique. Les autorités locales lancent donc un appel pressant à la coopération communautaire : signaler immédiatement tout cas suspect, éviter tout déplacement d’animaux des zones infectées, et surtout s’abstenir absolument de consommer ou commercialiser les bêtes malades.
La solution passe par une réponse coordonnée incluant vaccination massive, indemnisation des éleveurs touchés, et contrôle rigoureux des marchés de bétail. En attendant, la prudence reste de mise : un animal mort subitement doit être considéré comme potentiellement dangereux. Dans cette région où l’élevage caprin constitue souvent l’unique filet de sécurité économique, cette épidémie rappelle cruellement le lien indissoluble entre santé animale et sécurité alimentaire humaine.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net