Lors du 17e sommet des affaires États-Unis-Afrique à Luanda, le vice-Premier ministre congolais Jean-Pierre Bemba a dévoilé la portée transformatrice du corridor de Lobito. Soutenu par le Partenariat pour les infrastructures mondiales (PGII) américain, cet axe ferroviaire reliant la République Démocratique du Congo à l’Angola et la Zambie constitue bien plus qu’une simple artère logistique. Il s’érige en colonne vertébrale économique capable de restructurer les équilibres régionaux, dans un contexte où le cuivre et le cobalt représentent respectivement 65% et 15% des revenus d’exportation congolais.
« Ce corridor est un levier stratégique pour la stabilité, le désenclavement et le développement partagé », a martelé Bemba devant les délégations internationales. Comment ignorer l’impact d’un tel projet lorsque les tensions sécuritaires persistantes menacent la fluidité des chaînes d’approvisionnement ? La réponse réside dans cette infrastructure qui réduira de 30% à 40% le temps de transit des minerais vers les marchés occidentaux, selon les estimations techniques. Une optimisation qui pourrait augmenter la compétitivité des exportations congolaises de 15% à moyen terme.
L’accès direct au port angolais de Lobito change la donne géoéconomique. En contournant les goulets d’étranglement des routes traditionnelles, la RDC se libère d’un enclavement coûtant près de 1,2 milliard USD annuels en pertes logistiques. « C’est une alternative fiable et structurante », insiste Bemba, soulignant que la modernisation des voies ferrées créera un pont commercial vers l’Europe et l’Amérique du Nord. Le projet s’inscrit dans une vision triadique où chaque nation trouve son intérêt : la Zambie y gagne un débouché maritime complémentaire, l’Angola consolide son hub portuaire, tandis que Kinshasa sécurise son sang minéral.
Ce partenariat RDC-Angola-Zambie, qualifié de « fondement souverain » par le vice-Premier ministre, transcende la simple coopération technique. Il matérialise une alliance géostratégique face aux convoitises externes sur les minerais critiques. Les investissements prévus dans le cadre du PGII pourraient atteindre 2,5 milliards USD d’ici 2026, selon des sources proches du dossier. Une manne vitale pour un corridor devant supporter un trafic initial de 5 millions de tonnes annuelles, principalement du cuivre katangais.
Le timing n’est pas fortuit. Ce plaidoyer intervient lors d’un sommet USA-Afrique focalisé sur les infrastructures et les investissements transcontinentaux. Depuis 1997, ces rencontres ont catalysé près de 70 milliards USD de contrats. Le programme actuel, articulé autour de tables rondes sectorielles et de dialogues sur l’électrification ou le numérique, offre une caisse de résonance idéale. La RDC y positionne son désenclavement économique comme priorité régionale, avec un argument imparable : le corridor de Lobito pourrait augmenter de 3 à 4 points le PIB congolais d’ici 2030 grâce à l’optimisation des exportations minières.
Quelles perspectives se dessinent ? À court terme, l’opérationnalisation complète du corridor devrait générer 12 000 emplois directs et indirects dans les trois pays. Les analyses prospectives tablent sur une réduction de 25% des coûts logistiques pour les minéraux congolais, rendant le cobalt local 15% plus compétitif sur le marché mondial. Ce projet cristallise ainsi une vérité économique : dans un monde où les chaînes de valeur sont reconfigurées, le contrôle des routes d’exportation devient aussi crucial que la possession des ressources. Le corridor de Lobito n’est pas qu’une voie ferrée – c’est le sillon où germe la nouvelle indépendance économique de l’Afrique centrale.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net