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Rwanda-Italie : Ingabire arrêtée, Meloni relance son plan Mattei pour l’Afrique

Cette semaine a placé deux femmes sous les projecteurs de la scène internationale dans des rôles diamétralement opposés. Au Rwanda, l’opposante Victoire Ingabire a été interpellée par le Bureau d’enquête (RIB), dans un contexte politique de plus en plus restrictif. Simultanément, en Italie, la Première ministre Giorgia Meloni activait la promotion de son ambitieux plan Mattei, présenté comme une refondation des relations euro-africaines. Ces événements parallèles dessinent une cartographie contrastée des dynamiques de pouvoir sur le continent.

Le RIB a justifié l’arrestation de Victoire Ingabire, figure historique de l’opposition au président Paul Kagame, par des accusations d’« association de malfaiteurs » et d’« incitation publique à s’opposer au gouvernement ». Cette intervention survient après sa comparution au procès de neuf individus accusés d’avoir diffusé le manuel de résistance non violente de l’activiste serbe Srdja Popovic. Présidente du parti non reconnu Dalfa-Umurinzi, Mme Ingabire rejette catégoriquement ces allégations, affirmant l’absence de tout lien direct avec les faits reprochés aux prévenus.

Ce nouvel épisode judiciaire s’inscrit dans un parcours politique semé d’embûches pour l’opposante rwandaise. Condamnée en 2012 à quinze ans de prison pour des déclarations qualifiées de subversives, elle avait bénéficié d’une grâce présidentielle après huit années d’incarcération, tout en demeurant exclue du processus électoral. Son arrestation actuelle soulève des interrogations sur l’espace accordé à la dissidence politique dans le Rwanda contemporain. Quel avenir pour la critique institutionnelle dans un pays où les partis d’opposition peinent à obtenir une reconnaissance légale ?

Pendant ce temps, à Rome, Giorgia Meloni affichait une tout autre ambition africaine. Lors d’un sommet coprésidé avec Ursula von der Leyen, la cheffe du gouvernement italien a relancé son « plan Mattei », initiative phare destinée à reconfigurer les relations euro-africaines. Ce projet, doté théoriquement de 5,5 milliards d’euros, cible quatorze pays prioritaires du Maghreb, d’Afrique de l’Ouest et de l’Est. Son objectif déclaré : freiner les flux migratoires vers l’Europe et développer des partenariats énergétiques stratégiques.

Cependant, l’écart entre les promesses et la réalité du plan Mattei suscite des scepticismes. Un rapport officiel publié en novembre 2024 révélait que moins de 2 milliards d’euros avaient été effectivement débloqués pour des projets concrets, soit à peine 36% du budget annoncé. Cette timidité dans la mise en œuvre interroge sur la capacité de l’Italie à concrétiser sa vision d’une coopération économique renouvelée avec le continent. La crise énergétique exacerbée par la guerre en Ukraine donne pourtant une urgence particulière à cette diplomatie économique offensive portée par Meloni.

Ces deux événements offrent un saisissant contraste géopolitique. D’un côté, le Rwanda démontre une fermeté judiciaire envers ses voix discordantes, illustrant les défis persistants de l’ouverture politique dans certains États africains. De l’autre, l’Italie déploie une stratégie d’influence économique volontariste, cherchant à positionner l’Europe comme partenaire de développement plutôt que pourvoyeur d’aide. Cette dualité met en lumière la complexité des relations euro-africaines, tiraillées entre réalpolitik et idéaux démocratiques.

La place des femmes dans ces dynamiques de pouvoir mérite une attention particulière. Tandis qu’Ingabire subit les contrecoups d’un système politique répressif, Meloni incarne une volonté hégémonique européenne sur le continent. Cette asymétrie reflète-t-elle les limites de l’émancipation politique féminine dans des contextes autoritaires ? Le leadership féminin, qu’il soit contestataire ou institutionnel, devient pourtant un marqueur incontournable des transformations à l’œuvre.

L’arrestation d’Ingabire risque de refroidir davantage le climat politique rwandais, déjà perçu comme restrictif par plusieurs observateurs internationaux. Quant au plan Mattei, son succès dépendra de sa capacité à dépasser les déclarations d’intention pour générer des investissements tangibles. Ces deux trajectoires divergentes soulèvent une question fondamentale : la coopération euro-africaine peut-elle véritablement se construire sans un alignement sur les principes démocratiques ? L’évolution de ces dossiers offrira des indices cruciaux sur l’avenir des relations entre l’Europe et un continent africain en pleine reconfiguration géostratégique.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd

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