Dans un coup d’accélérateur stratégique pour sa diplomatie économique, la République démocratique du Congo investira le pavillon international de l’Exposition universelle d’Osaka 2025 du 23 au 30 juin prochain. Cette vitrine planétaire, réunissant 170 nations sous l’égide du Bureau international des expositions, servira de tremplin au label Made in Congo, fer de lance d’une offensive commerciale destinée à rebattre les cartes des investissements RDC Japon. Comment ce pays riche en ressources mais historiquement sous-exploité compte-t-il séduire les bailleurs internationaux ?
Pilotée par l’Agence nationale pour la promotion des investissements (ANAPI), cette opération s’inscrit dans un repositionnement agressif sur l’échiquier économique global. Rachel Pungu, Directrice générale de l’ANAPI, souligne l’urgence de cette démarche : « L’Exposition Osaka 2025 constitue un levier irremplaçable pour modifier la perception internationale de notre attractivité. » Un diagnostic partagé par Julien Paluku, ministre du Commerce extérieur, qui voit dans cet événement « l’opportunité de transformer notre potentiel théorique en flux concrets de capitaux ».
L’apogée de cette semaine congolaise sera le Forum d’affaires RDC-Japon, placé sous le patronage de la Première ministre Judith Suminwa. Ce sommet économique ciblera cinq secteurs prioritaires – agriculture, énergie, mines, technologies numériques et infrastructures – où les complémentarités avec les investisseurs nippons apparaissent cruciales. Le Japon, troisième économie mondiale, cherche en effet des partenaires fiables dans l’approvisionnement en minerais stratégiques et les projets d’énergies renouvelables, domaines où la RDC dispose d’atouts comparatifs décisifs.
L’appel lancé aux opérateurs économiques congolais révèle l’ambition sous-jacente : ne pas se contenter d’exposer des produits, mais présenter des projets structurants dotés d’études de faisabilité solides. « Seuls les dossiers bancables trouveront écho auprès des fonds d’investissement internationaux », insiste Julien Paluku. Cette exigence répond à une réalité implacable : sur les 60 milliards de dollars d’investissements RDC Japon potentiels identifiés par l’ANAPI ces cinq dernières années, moins de 15% ont été concrétisés faute de préparations adéquates.
La diplomatie économique RDC joue ici pleinement son rôle de facilitateur. En se présentant comme « pays solution » dans l’équation des chaînes d’approvisionnement mondiales, la RDC exploite judicieusement le thème de l’exposition – « Concevoir la société du futur » – pour valoriser ses ressources critiques (cobalt, cuivre) et sa capacité à alimenter la transition énergétique. Les organisateurs tablent sur une augmentation de 30% des exportations manufacturières congolaises d’ici 2027 grâce à cette plateforme, chiffre qui reste tributaire de la qualité des partenariats scellés.
Cette offensive intervient à un moment charnière où l’économie mondiale cherche des alternatives résilientes. Avec seulement 12% de son potentiel agricole exploité et un taux d’électrification parmi les plus bas d’Afrique, la RDC peut-elle transformer l’essai ? La réponse dépendra de sa capacité à convaincre que le Made in Congo dépasse le stade du concept pour incarner une valeur tangible. L’enjeu dépasse la simple vitrine commerciale : il s’agit d’ancrer durablement la RDC dans les circuits économiques high-tech asiatiques, créant ainsi un contrepoids stratégique aux influences traditionnelles.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
