Une onde de choc a traversé Goma vendredi 20 juin. En pleine journée, vers la mi-journée, des individus armés ont ciblé la station Mutinga, carrefour stratégique entre les quartiers Katoyi et Majengo dans la commune de Karisimbi. Transportés par deux motos, les assaillants ont ouvert le feu sans avertissement sur un groupe de changeurs de monnaie, semant une panique immédiate parmi les commerçants et passants.
Selon des témoins directs, l’attaque éclair a laissé deux personnes blessées. Des sommes d’argent importantes auraient été emportées par les malfrats. Après leur forfait, ces derniers ont continué à tirer en l’air durant plusieurs minutes, exacerbant la terreur dans cette zone commerciale très fréquentée. La scène, décrite comme chaotique, a vu des civils courir se mettre à couvert tandis que les agresseurs disparaissaient dans la circulation.
Ce braquage à Goma s’inscrit dans une inquiétante série. Il s’agit du troisième incident de ce type en une semaine dans la ville, avec un mode opératoire identique : des bandits à moto, lourdement armés, attaquant des cibles vulnérables en plein jour. Leur audace croissante interroge : comment expliquer cette recrudescence du banditisme urbain ?
Pourtant, Goma est sous occupation de la rébellion du M23 depuis près de cinq mois. Le groupe armé organise régulièrement des opérations de bouclage dans les quartiers, censées rétablir l’ordre. Mais visiblement, ces mesures échouent à endiguer l’insécurité. Au contraire, plusieurs habitants dénoncent une aggravation des crimes, les bandits frappant désormais sans crainte aux heures les plus passantes. La population, exaspérée, s’interroge sur l’efficacité réelle de ces contrôles.
Cette dégradation sécuritaire survient dans un contexte régional explosif. L’occupation M23, soutenue par l’armée rwandaise selon plusieurs rapports internationaux, n’a pas apporté la stabilité promise. Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme fin février. Dans un document publié le 25 février, il note une nette recrudescence d’incidents criminels à Goma et ses environs : enlèvements, agressions physiques, braquages de domiciles et vols à main armée.
L’attaque de Mutinga illustre cruellement cette tendance. Les changeurs, cibles privilégiées pour l’argent liquide qu’ils manipulent, paient un lourd tribut. Hier encore, ils travaillaient en relative sécurité. Aujourd’hui, leur activité devient un métier à haut risque. Jusqu’où montera la spirale de la violence ? La réponse semble bien incertaine dans une ville où les armes parlent plus fort que la loi.
Les autorités locales, sous tutelle du M23, n’ont pas encore communiqué officiellement sur cet incident. Aucune arrestation n’a été signalée dans l’immédiat. Les deux blessés ont été évacués vers des structures médicales, leur état restant à préciser. Pour les habitants du Nord-Kivu, chaque jour apporte son lot d’angoisse : l’occupation rime-t-elle avec impunité ? La question, lancinante, hante désormais les rues de Goma.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net