« Ceux d’Opala qui se trouvent sur le territoire de la Tshuapa sont menacés, tabassés et pillés chaque jour. D’autres fuient, abandonnant tout derrière eux », témoigne Saleh Kaluta, chef de groupement Bokoke. Cette alarme lancée jeudi 19 juin révèle une tension explosive entre les villages Loseke (Tshopo) et Mukoso (Tshuapa), où un drame local menace de dégénérer en conflit régional.
L’étincelle ? Le 5 juin, un commerçant venu de Tshuapa succombait aux tortures infligées par des militaires dans le village Loseke. Selon Kaluta, ces violences auraient été ordonnées par le chef de la chefferie Akeme, pour des raisons encore obscures. La victime appartenait à une communauté de la province voisine, et cette mort a immédiatement enflammé les esprits. Comment une exécution sommaire peut-elle ainsi mettre le feu aux poudres entre deux régions sœurs ?
La revanche n’a pas tardé. Des membres des communautés de Tshuapa, récupérant le corps du défunt, ont déclenché une vague de représailles systématiques contre les ressortissants d’Opala établis chez eux. Pillages, menaces de mort et passages à tabac sont devenus le quotidien de ces citoyens pris au piège d’une vendetta transfrontalière. « Nos frères fuient en laissant leurs biens, terrifiés à l’idée de payer de leur vie un crime qu’ils n’ont pas commis », déplore Kaluta, soulignant l’urgence d’une médiation.
Face à ce conflit naissant entre Tshopo et Tshuapa, l’administrateur du territoire d’Opala, Médard Elonge, a réagi fermement. Il a suspendu le chef Akeme et saisi la justice. « Il doit répondre de ses actes devant les tribunaux. Nous devons absolument prévenir l’embrasement, car la situation est un poison pour nos deux provinces », a-t-il insisté, ajoutant que certaines communautés réclament désormais « la tête » des responsables. Cette suspension du chef Akeme marque un premier pas vers l’apaisement, mais suffira-t-elle à calmer les appels à la vengeance ?
Derrière cette affaire de mort d’un commerçant à Opala se cachent des fractures plus profondes. Les tensions interprovinciales en RDC, souvent attisées par des autorités locales peu scrupuleuses, révèlent la fragilité de la cohésion sociale. La saisine de la justice congolaise est cruciale, mais elle devra s’accompagner d’un dialogue communautaire pour désamorcer la haine. Sans cela, ce conflit risquerait d’entraîner des déplacements massifs et une instabilité durable dans la région. La paix entre Tshopo et Tshuapa se joue maintenant sur le double front du droit et de la réconciliation.
Gaston MUKENDI, à Kisangani
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
