Le secteur agricole congolais traverse une crise de confiance sans précédent. Les semenciers nationaux, regroupant des producteurs des 24 provinces, lancent un cri d’alarme depuis Kinshasa : l’État congolais ne les a toujours pas réglés pour les semences livrées dans le cadre crucial de la campagne agricole 2024-2025. Un manquement contractuel qui plonge ces acteurs clés de la sécurité alimentaire dans une précarité extrême.
Selon les déclarations faites mercredi dernier dans la capitale, ces professionnels avaient répondu à la sollicitation du Service national des semences dès octobre 2024. « Les contrats stipulaient un délai de paiement de quinze jours après livraison. Aujourd’hui, nous avons perdu une saison entière », déplore Papy Djafengo Ezéchias, porte-parole des semenciers. La situation financière devient intenable, transformant ce paiement semenciers RDC en une question de survie immédiate.
L’impact humain de cette dette gouvernement semences est désormais palpable. « Nous vivons dans des conditions extrêmement précaires à Kinshasa », poursuit M. Ezéchias, révélant même le décès de l’épouse d’un collègue bloqué dans la capitale faute de moyens. Comment le gouvernement peut-il garantir la prochaine campagne quand ceux qui fournissent l’essence même de l’agriculture sont financièrement asphyxiés ?
Le porte-parole fustige un abandon flagrant : « Lors de la commande, aucune procédure complexe n’était évoquée. Le gouvernement devait simplement acheminer les fonds. Notre bonne foi a été trahie ». Cet impayé massif crée un risque systémique : sans trésorerie, comment ces entreprises pourront-elles produire les semences de la prochaine saison ? La crise agricole Congo menace de s’aggraver si cette chaîne de confiance n’est pas rétablie urgemment.
Face à cette détresse, les semenciers Kinshasa interpellent directement le président Félix-Antoine Tshisekedi et la Première ministre. Le ministère de l’Agriculture, contacté par nos soins, garde un silence officiel troublant. Une source interne évoque toutefois un dossier « en traitement » après une récente rencontre. Mais pour ces professionnels en attente depuis des mois, les promesses administratives ne suffisent plus face à l’urgence de leurs situations individuelles.
Cette impasse financière illustre un paradoxe dangereux : comment l’État peut-il promouvoir l’autosuffisance alimentaire tout en fragilisant ses propres fournisseurs stratégiques ? Les semenciers, rouage essentiel de la souveraineté agricole, se retrouvent paradoxalement exclus du circuit économique qu’ils alimentent. Leur mobilisation actuelle sonne comme un avertissement : sans résolution rapide de cette dette gouvernement semences, c’est toute la filière qui risque l’effondrement.
Alors que les besoins alimentaires nationaux augmentent, cette crise du paiement semenciers RDC expose une vulnérabilité structurelle. La crédibilité des futures campagnes agricoles repose désormais sur la capacité des autorités à honorer leurs engagements passés. Dans l’immédiat, chaque jour supplémentaire sans règlement accroît le risque d’une rupture d’approvisionnement en semences de qualité – première étape vers une véritable pénurie alimentaire.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net