Une dynamique inédite de collaboration a été officialisée entre la MONUSCO et les autorités provinciales du Nord-Kivu. Au terme d’un atelier stratégique de trois jours organisé à Beni par la section des Affaires civiles de la mission onusienne, une feuille de route commune a été adoptée ce mercredi 18 juin. Cette initiative vise à renforcer la protection des civils dans une région ravagée par des violences persistantes, tout en facilitant la mise en œuvre du mandat de la MONUSCO face aux groupes armés.
Près de 90 participants issus des territoires de Beni, Butembo et Lubero ont contribué aux travaux. L’assemblée réunissait des membres clés du gouvernement provincial, des chefs coutumiers, des représentants d’organisations humanitaires et des acteurs de la société civile. Cette diversité reflète l’urgence d’une approche inclusive pour la sécurité Nord-Kivu, région éprouvée par des décennies de conflits.
Cinq piliers structurent cette feuille de route MONUSCO, chacun répondant à des défis spécifiques de la collaboration civile-militaire en RDC :
1. Dialogue et concertation : Un cadre permanent sera établi pour faciliter les échanges entre la MONUSCO et les autorités locales. Des communications conjointes seront diffusées régulièrement, tandis que les structures locales seront systématiquement impliquées dans les prises de décision. Cette transparence répond aux critiques récurrentes sur le manque de coordination.
2. Lutte contre les groupes armés : Un programme accéléré de désarmement des groupes armés en RDC sera déployé. Il inclut la cartographie précise des acteurs violents, des campagnes ciblées de désarmement, et la vulgarisation de la loi sur la réinsertion. Des centres spécialisés de déradicalisation, particulièrement destinés aux combattants des ADF, seront opérationnels d’ici la fin du trimestre. Des opérations militaires coordonnées sont prévues dans les zones rouges.
3. Renforcement sécuritaire : La protection des zones récemment stabilisées devient prioritaire, avec un appui technique aux autorités locales. Les Plans et Comités Locaux de Sécurité, longtemps inactifs, seront réactivés pour créer un maillage sécuritaire plus dense. Cette mesure répond directement aux besoins de protection des civils à Beni où les attaques sporadiques persistent.
4. Cohésion sociale : Des actions de proximité seront menées dans les communautés les plus affectées. Un programme spécifique mobilisera les jeunes comme « ambassadeurs de la paix », tandis que des mécanismes traditionnels de médiation seront revitalisés. Comment assurer l’adhésion populaire sans une implication réelle des leaders communautaires ?
5. Soutien humanitaire et relance économique : La sécurisation des zones de retour des déplacés sera couplée à des facilités fiscales pour les ONG opérationnelles. Un appui logistique lourd et des plaidoyers pour un financement durable complètent ce volet. La coordination des acteurs économiques locaux est jugée cruciale pour stabiliser durablement la région.
Le calendrier d’exécution prévoit des actions immédiates, notamment le déploiement des premiers centres de déradicalisation et le lancement des patrouilles conjointes. Les projets à moyen terme incluent la complète opérationnalisation des Comités Locaux de Sécurité d’ici décembre. L’ensemble s’appuiera sur un partenariat triangulaire entre la MONUSCO, les autorités provinciales et les acteurs de terrain.
Cette feuille de route MONUSCO représente-t-elle un tournant décisif pour la sécurité Nord-Kivu ? L’efficacité se mesurera à l’aune des résultats concrets sur le terrain, particulièrement dans la protection des civils à Beni et le désarmement effectif des groupes armés en RDC. La collaboration civile-militaire en RDC, souvent entravée par des méfiances réciproques, fait ici l’objet d’un cadre structuré sans précédent. Les prochaines semaines révéleront si cette architecture peut transformer une paix fragile en stabilité durable.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net