Des regards las se lèvent vers les gradins du stade Tata Raphaël, où des centaines de familles kinoises survivent entassées depuis les récentes inondations. Ce mardi, l’espoir a pourtant traversé ce refuge de fortune lorsque le gouverneur Daniel Bumba Lubaki s’est avancé devant eux : « Vous retrouverez bientôt vos maisons », a-t-il lancé, sous le regard attentif de l’ambassadeur des Émirats arabes unis, Dr. Anwar Othman Barout al Baroudi. Mais derrière cette promesse, une question cruciale plane : comment garantir un retour sécurisé dans des quartiers toujours vulnérables ?
Accroupi devant une mère tenant son enfant enveloppé d’un pagne troué, le gouverneur a écouté les récits de vies bouleversées. « L’eau a tout emporté en une nuit », murmure-t-on dans l’assistance. Ces scènes poignantes ont marqué la visite d’inspection conjointe, révélant l’urgence d’une solution pérenne pour les sinistrés de Kinshasa. Pourtant, Daniel Bumba a tempéré les attentes immédiates : « Le retour ne sera possible qu’après l’évaluation rigoureuse de nos commissions techniques », a-t-il insisté, désignant un calendrier serré d’une semaine pour établir des protocoles précis.
Quels critères détermineront qu’une zone est « sûre » ? Comment éviter que le drame ne se répète à la prochaine saison des pluies ? Ces interrogations rythment désormais les travaux des sous-commissions mandatées, chargées de cartographier les secteurs à risques et d’imaginer des mesures de réaménagement urbain. La présence des Émirats arabes unis en RDC n’est pas anodine : elle matérialise un soutien international face à l’ampleur humanitaire de la crise, même si les modalités concrètes de l’aide restent à préciser.
Dans l’immédiat, le stade Tata Raphaël demeure le symbole d’une précarité insoutenable. Entre deux distributions de vivres, les déplacés évoquent leur crainte d’un retour précipité. « Si nos maisons s’effondrent à nouveau, qui nous protégera ? », interroge un ancien résident de Ngaliema, l’un des quartiers les plus touchés. Le gouvernement provincial promet pourtant un accompagnement « digne et durable », incluant des audits structurels des habitations endommagées. Reste que l’équilibre est fragile entre l’urgence sociale et la sécurité réelle des populations.
Cette crise des inondations à Kinshasa dépasse le simple enjeu humanitaire : elle expose les failles béantes d’une urbanisation anarchique et l’absence criante de systèmes de drainage efficaces. Alors que les sinistrés guettent le feu vert pour leur retour domicile, la vraie bataille s’engage sur le terrain de la prévention. Car sans transformation profonde de la gestion urbaine, chaque saison des pluies risquerait de transformer la capitale en épicentre de nouvelles tragédies. Le compte à rebours d’une semaine lancé par Daniel Bumba sera-t-il suffisant pour écrire un avenir différent ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
