Des déflagrations d’armes lourdes ont retenti mercredi 18 juin aux portes de Bukavu, plongeant la capitale du Sud-Kivu dans un climat de terreur. Des affrontements violents ont opposé les miliciens Wazalendo aux rebelles de l’AFC-M23 sur plusieurs fronts stratégiques. Les combats se sont concentrés dans les zones sud et nord-ouest de l’agglomération, notamment à Panzi, Nyantende-Kasihe et Bagira.
À hauteur de Chirunga, en aval du chef-lieu du territoire de Kabare, des escarmouches intenses ont été rapportées. Simultanément, des heurts ont éclaté dans le groupement de Burhale, territoire de Walungu. Cette escalade soudaine a surpris les habitants, déclenchant des mouvements de panique généralisés.
Les conséquences ont été immédiates au cœur de Bukavu. Le marché central de Kadutu a fermé précipitamment. Des débandades ont été observées depuis la zone de Panzi-Kasihe dans l’après-midi. Des commerçants ont abandonné leurs étals tandis que des écoles ont procédé à l’évacuation des élèves. La circulation s’est paralysée sur les axes menant aux zones de conflit.
Jeudi 19 juin, un calme relatif était revenu dans la ville. Mais la situation demeure extrêmement volatile selon les acteurs locaux. Sammy Mulemangabo, membre de la Synergie des organisations de défense des droits de l’homme au Sud-Kivu, témoigne : “La situation est plus ou moins stable, mais elle reste inquiétante. Tout peut basculer à tout moment”.
Les activités reprennent timidement, y compris dans les établissements scolaires. La population tente de retrouver une routine malgré l’ombre persistante de la menace. Cette résilience forcée illustre-t-elle l’habitude du pire ? Les habitants s’adaptent, scrutant l’horizon avec méfiance.
Ces affrontements s’inscrivent dans le contexte plus large de l’insécurité chronique qui mine l’Est-RDC. La crise à Kabare révèle la fragilité du statu quo dans la région. Les positions des belligérants restent floues, aucune revendication officielle n’ayant filtré. Les autorités provinciales gardent le silence sur les pertes humaines et matérielles.
Des sources sécuritaires locales évoquent des mouvements de troupes dans la nuit suivant les incidents. La présence des FARDC serait renforcée sur les axes sensibles. Mais cette démonstration de force suffira-t-elle à prévenir de nouvelles violences ? L’épisode rappelle la porosité des frontières urbaines face aux groupes armés.
La récurrence des conflits entre AFC-M23 et milices d’autodéfense interroge sur les dynamiques sécuritaires régionales. Bukavu, centre névralgique du Sud-Kivu, semble désormais directement exposée. Cette dégradation marque-t-elle un tournant dans la géopolitique des conflits à l’est de la RDC ? La population, prise en étau, attend des réponses concrètes aux menaces qui pèsent sur sa sécurité quotidienne.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net