Dans un contexte de crise politique persistante en RDC, l’Institut de recherche en droits humains (IRDH) et l’association Justicia Asbl lancent un avertissement cinglant au gouvernement. Ces structures de la société civile du Katanga réclament une prise de distance officielle face aux déclarations incendiaires du Vice-Premier ministre Jean-Pierre Bemba, qui accuse sans preuve Joseph Kabila et Moïse Katumbi de comploter contre le pouvoir.
Les deux organisations dénoncent une stratégie de désinformation gouvernementale orchestrée par Bemba, qualifiant ses propos de “mensongers, infondés et incongrus”. Dans un communiqué percutant, elles soulignent le paradoxe dangereux : comment un pilier de la coalition au pouvoir, président du Mouvement de Libération du Congo (MLC), peut-il systématiquement recourir à l’intoxication politique tandis que l’Est du pays brûle sous les assauts du M23 soutenu par le Rwanda ?
L’affaire du chauffeur de Moïse Katumbi, Timothée Kafutshi, sert de cas d’école aux ONG. Elles démontrent pièces à l’appui que les accusations de caches d’armes dans les fermes de l’opposant – relayées par Bemba lors d’une interview le 9 juin 2025 – ont été totalement infirmées par leurs propres enquêtes de terrain. “Les renseignements militaires n’y avaient trouvé ni cache d’armes, ni compromission relative à la sécurité de l’État”, rappellent-elles, précisant avoir obtenu l’abandon des poursuites grâce à l’intervention du général-major Ndaywel Okura.
Cette instrumentalisation des institutions atteint-elle son paroxysme lorsque des figures ministérielles s’érigent en pourfendeurs de l’unité nationale ? Les ONG pointent particulièrement la tentative de déni de nationalité congolaise contre Kabila et Katumbi, une manœuvre qualifiée de “poudre aux yeux” détournant l’attention des véritables enjeux sécuritaires. Jean-Pierre Bemba joue-t-il un jeu dangereux en exacerbant les tensions communautaires au Katanga, région clé dans l’équilibre géopolitique congolais ?
La méthode Bemba, fondée sur “la torsion des faits” selon les organisations, ne contribuerait-elle pas in fine à légitimer les violations des droits humains ? Les activistes katangais dénoncent une logique de stigmatisation systématique visant quiconque oserait exprimer une opinion divergente. Dans un pays en proie aux conflits armés, cette polarisation artificielle n’entrave-t-elle pas les indispensables efforts diplomatiques ?
Face à cette crise politique alimentée par les déclarations intempestives d’un membre éminent du gouvernement, l’IRDH et Justicia prônent urgemment la voie du dialogue. Leur appel résonne comme un avertissement : la pérennité de l’État congolais passe par le renoncement aux stratégies de division. Alors que les tensions entre opposition et pouvoir atteignent un nouveau paroxysme, la balle est désormais dans le camp du Premier ministre qui devra trancher : couvrir son vice-premier ministre ou désavouer publiquement des méthodes incompatibles avec l’éthique gouvernementale.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd