Lors du panel matinal du DRC Mining à Lubumbashi ce jeudi, une déclaration du sénateur Jean Bamanisa a jeté une lumière crue sur les défis sécuritaires de l’Est congolais. L’ancien gouverneur de la province Orientale a établi un lien direct entre l’instabilité chronique et la gestion des corridors économiques ouverts vers le Rwanda et l’Ouganda. Pour lui, ces axes vitaux n’ont pas été suffisamment encadrés dans une approche géostratégique mutuellement bénéfique.
« Des questions de routes et de corridors nécessitent une réflexion tenant compte des intérêts économiques et stratégiques de chacun », a-t-il martelé devant les opérateurs miniers réunis. La situation actuelle à l’Est serait la conséquence directe de cette négligence. Les pays voisins auraient profité de ces failles, développant leurs infrastructures tandis que la RDC stagnait. Comment expliquer autrement la persistance des conflits dans cette région riche en ressources ?
Bamanisa a illustré ses propos par un exemple éloquent : lorsque l’Ouganda tenta d’établir un corridor de Bunagana à Goma, la réaction immédiate du Rwanda déclencha des tensions commerciales et sécuritaires. Ces corridors, souligne-t-il, relèvent de la souveraineté nationale mais exigent une coordination bilatérale rigoureuse. Leur mauvaise gestion crée des vulnérabilités exploitées par des groupes armés, compromettant ainsi la stabilité sécuritaire indispensable aux échanges économiques.
Le sénateur a élargi son diagnostic aux racines historiques du problème. Depuis 1960, des vagues successives de rébellions ont paralysé le développement des infrastructures. « Nos routes en terre perturbent gravement le transport », a-t-il déploré, pointant l’abandon chronique des projets d’industrialisation. Cette carence infrastructurelle empêche l’évacuation efficiente des minerais, augmentant la pression des pays voisins désireux d’écouler leurs produits sur le marché congolais.
Trois jours durant, le DRC Mining Lubumbashi a servi de cadre à ces réflexions cruciales. Les corridors économiques RDC-Rwanda-Ouganda apparaissent plus que jamais comme un enjeu pivot. Sans sécurité renforcée à l’Est et sans cadre coopératif équilibré, toute croissance économique régionale stable semble compromise. L’analyse de Bamanisa appelle à une reconfiguration urgente des relations transfrontalières, où la mutualisation des intérêts remplacerait la concurrence destructrice. La route vers la paix passe-t-elle par une révision radicale de la géoéconomie des Grands Lacs ?
Le retard d’industrialisation et l’état déplorable des voies de communication restent des obstacles majeurs. Ils entretiennent un cercle vicieux : l’insécurité décourage les investissements, qui pourraient précisément améliorer les infrastructures et créer la stabilité. Les opérateurs présents à Lubumbashi ont entendu un message sans équivoque : aucune relance minière durable n’est possible sans résoudre d’abord l’équation sécuritaire de l’Est. Le bilan est clair : 65 ans d’instabilité ont fait des corridors économiques des vecteurs de crise plutôt que de prospérité partagée.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
