Lors de la clôture de la DRC Mining Week à Lubumbashi, la Première ministre Judith Suminwa a placé l’accès à l’énergie au centre des stratégies pour une exploitation minière durable en RDC. Devant les industriels réunis pour cet événement marquant vingt ans de transformation du secteur, elle a martelé une évidence économique : “Il ne peut y avoir d’exploitation minière durable sans un accès fiable à l’énergie”. Cette déclaration intervient alors que le gouvernement structure sa politique minière autour de trois piliers fondamentaux : industrialisation par la valeur ajoutée, sécurisation énergétique et intégration territoriale.
Comment concilier développement minier et transition écologique ? La cheffe du gouvernement a répondu par un engagement concret : “Nous redoublons d’efforts pour renforcer nos capacités hydroélectriques, encourager l’investissement privé et promouvoir les interconnexions régionales”. Cette orientation stratégique répond à un impératif double : alimenter la croissance économique nationale tout en s’inscrivant dans la dynamique mondiale de décarbonation. Le secteur minier, véritable colonne vertébrale de l’économie congolaise, représente près de 30% du PIB et 95% des exportations selon la Banque mondiale.
La solution logistique complémentaire réside dans l’opérationnalisation du corridor de Lobito, présentée comme une artère vitale pour le transport des minerais stratégiques. “La progression conjointe de ces deux dimensions – énergie et logistique – est essentielle”, a souligné Suminwa, insistant sur leur rôle dans la lutte contre le changement climatique. Ce projet d’infrastructure, reliant la RDC à l’Angola et la Zambie, pourrait réduire de 40% les coûts de transport selon les estimations du ministère des Mines.
L’intervention de l’ambassadrice américaine Lucy Tamlyn a confirmé l’intérêt croissant des États-Unis pour le secteur minier congolais, notamment dans le contexte de la transition énergétique mondiale. Cette DRC Mining Week 2025, placée sous le thème “Investir dans les infrastructures et la sécurité énergétique”, a ainsi servi de prélude à des réformes majeures annoncées pour la décennie à venir. Parmi elles, la révision du code minier et la redistribution des revenus miniers figureront en tête des priorités gouvernementales.
L’enjeu dépasse la simple modernisation technique : il s’agit de transformer la richesse minière en développement inclusif. La question énergétique, talon d’Achille historique du secteur, reçoit enfin l’attention systémique qu’elle mérite. Avec seulement 20% de la population ayant accès à l’électricité selon la Banque africaine de développement, la RDC possède pourtant un potentiel hydroélectrique estimé à 100,000 MW – de quoi alimenter tout le continent. Le défi consiste désormais à canaliser cette puissance latente vers une exploitation minière réellement durable.
Les orientations dévoilées par la Première ministre esquissent une refonte complète de l’écosystème minier. La synergie entre corridors logistiques, infrastructures énergétiques et valorisation locale des minerais pourrait positionner la RDC comme leader de la transition minière verte en Afrique. Reste à traduire ces engagements politiques en réalisations concrètes pour les communautés riveraines et l’économie nationale.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net