Le lac Édouard suffoque. Dans sa partie congolaise, une hémorragie silencieuse vide ses eaux de leurs précieux tilapias. Les chiffres glacent le sang : alors qu’une pirogue remontait autrefois près de mille poissons, les pêcheurs peinent aujourd’hui à en capturer vingt. Cette diminution poisson lac edouard atteint un seuil critique, menaçant l’équilibre écologique et des milliers de vies dépendantes de ses ressources halieutiques.
La FECOPEILE RDC, sentinelle des pêcheurs artisanaux, tire la sonnette d’alarme. « Nos membres luttent pour leur survie », confie un responsable sous couvert d’anonymat. Cette chute vertigineuse n’est pas un accident de parcours, mais le symptôme d’une double crise. La guerre persistante au Nord-Kivu perturbe les cycles de reproduction par ses explosions et mouvements militaires, empêchant le renouvellement naturel des espèces.
Mais le pire prédateur reste l’homme. Des armées de pêcheurs clandestins ravagent impunément les zones de frayères, ces nurseries aquatiques où naît l’avenir du lac. Leurs méthodes destructrices – filets à mailles illégales, pêche électrique ou même explosifs – transforment ces habitats vitaux en déserts sous-marins. Comment espérer une relève quand les berceaux sont saccagés ?
L’économie locale, jadis florissante, est au bord de l’implosion. Des femmes transformatrices de poisson aux mareyeurs, toute la chaîne vacille. « Avant, je vendais dix bassines quotidiennes. Aujourd’hui, j’attends trois jours pour en remplir une », se lamente une commerçante de Goma. Cette crise tilapia RDC prive des communautés entières de leur principale source de protéines et de revenus, accentuant l’insécurité alimentaire dans une région déjà meurtrie.
Les ressources halieutiques Congo paient un lourd tribut à l’instabilité. Les patrouilles de surveillance, insuffisantes face à l’ampleur de la pêche illégale Nord-Kivu, laissent le champ libre aux prédateurs. Les conséquences écologiques sont tout aussi alarmantes : la raréfaction du tilapia, poisson-phare du lac, déséquilibre l’écosystème entier, favorisant la prolifération d’espèces invasives.
La FECOPEILE lance un cri du cœur aux autorités : sans intervention urgente, le lac Édouard pourrait devenir un cimetière aquatique. Elle réclame des mesures chocs : multiplication des brigades anti-braconnage, restauration des zones de reproduction, et surtout, un plan d’urgence pour les pêcheurs légaux condamnés à la misère. Car sauver le tilapia, c’est préserver l’ADN économique d’une région. L’horloge tourne : chaque jour perdu accélère l’agonie de ce joyau des Grands Lacs africains.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net
