L’odeur de cendres flotte encore sur Lwambo. Dans ce coin reculé du territoire de Kambove, au cœur du Haut-Katanga, le souvenir du bûcher humain qui a consumé quatre présumés bandits la semaine dernière hante les mémoires. Une tragédie qui a poussé les députés provinciaux à lancer, ce mercredi 11 juin, une campagne de sensibilisation musclée contre la vindicte populaire en RDC. Comment en est-on arrivé à ce que des citoyens ordinaires deviennent bourreaux ?
Menée par Liliane Komba, vice-présidente de l’assemblée provinciale, la délégation a martelé un message sans équivoque devant une population meurtrie : « La justice populaire emporte même les innocents. Personne ne peut se faire justice soi-même ». Ces paroles résonnent comme un électrochoc dans une région où l’absence de commissariats dans les zones isolées transforme souvent la colère en tribunal de rue. La campagne sensibilisation Haut-Katanga prend ici tout son sens, face à des communautés livrées à elles-mêmes.
Le plaidoyer des députés provinciaux touche à l’urgence sécuritaire : « Installer des commissariats dans les zones isolées permettrait une réaction rapide », insiste Komba, soulignant que chaque minute compte quand la peur prend le pas sur la raison. Dans ce territoire de Kambove où l’État peine à établir sa présence, les habitants développent une défiance toxique envers les institutions. Pourtant, la sécurité territoire Kambove reste l’affaire de tous, rappellent les élus.
Les visages fermés des habitants durant la séance de sensibilisation en disent long sur le chemin à parcourir. « On nous abandonne, alors on se défend comme on peut », murmure un vieil homme en marge de la réunion. Un sentiment partagé par beaucoup, nourri par des années d’impunité et de réponse sécuritaire tardive. La justice populaire à Kambove n’est-elle pas le symptôme d’un État absent ? Les députés provinciaux sensibilisation tentent de briser ce cercle vicieux en prônant le signalement systématique aux autorités.
Cette initiative intervient alors que la vindicte populaire RDC fait régulièrement la une des journaux. Les députés ont exhorté les populations à « faire confiance aux institutions judiciaires pour éviter les bavures irréversibles ». Un message crucial dans une région riche en minerais où les tensions sociales explosent au moindre incident. Le vivre-ensemble passe par la restauration de la chaîne judiciaire, depuis le poste de police le plus isolé jusqu’aux tribunaux.
Derrière cette croisade politique se cache un enjeu sociétal majeur : jusqu’où une communauté peut-elle aller quand elle se sent trahie par ceux censés la protéger ? Le drame de Lwambo pose la question de la responsabilité collective face à la violence. Alors que le cortège des élus quitte la localité, une interrogation persiste : cette campagne suffira-t-elle à éteindre la colère qui couve dans les villages reculés du Katanga ? L’espoir renaît, fragile, au rythme des promesses d’un maillage sécuritaire renforcé.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
