La cité administrative de Watsa et ses agglomérations voisines ont vécu deux jours de paralysie totale ce vendredi et samedi. Une ville morte Watsa décrétée par la Synergie territoriale de la Société Civile frappe ce territoire du Haut-Uele, épicentre d’une crise sécuritaire persistante. L’appel à la désobéissance pacifique, officialisé par correspondance le 3 juin dernier, répond à l’urgence d’interpeller les autorités face à la dégradation alarmante des conditions de vie.
Dès l’aube du vendredi, les activités commerciales se sont figées dans les zones stratégiques du territoire. À Watsa centre, cœur administratif de la région, boutiques, magasins et marchés sont restés hermétiquement clos. Seuls quelques vendeurs ambulants et motos-taxis ont bravé la consigne, selon des observateurs locaux. Une désertion urbaine qui interroge : jusqu’où ira cette colère populaire ?
La contagion de la protestation a gagné Durba, cité minière distante de 14 kilomètres. Les artères habituellement bondées de cette localité minée par l’insécurité Durba présentaient un visage fantomatique. Les motos-taxis, colonne vertébrale des déplacements locaux, s’étaient volatilisées. Pourtant, un contraste notable persiste : les établissements scolaires, publics comme privés, ont maintenu leurs portes ouvertes sur instruction expresse des organisateurs.
Cette mobilisation territoire Watsa connaît toutefois des disparités géographiques. À Moku, chef-lieu de la chefferie Mari Minza récemment frappé par des violences, la vie a suivi son cours normal. Marchés animés, transports actifs et salles de classe remplies ont marqué ces deux jours, comme le rapporte un correspondant sur place. Une résistance inattendue dans une zone pourtant éprouvée.
À l’inverse, Wanga et Giro ont répondu massivement à l’appel. Dans ces localités du secteur Gombari, l’adhésion fut quasi-unanime. Un journaliste ayant parcouru le centre négoce de Giro samedi matin a décrit des rues désertes, signe tangible du ras-le-bol des habitants. Cette unanimité dans les zones périphériques révèle-t-elle une fracture dans la perception de la menace ?
Les initiateurs de cette action, la Synergie de la Société Civile, précisent qu’il s’agit d’un ultime signal d’alerte. Leur objectif : contraindre les autorités provinciales et nationales à apporter des réponses concrètes à l’effondrement sécuritaire. La durée initiale de deux jours pourrait être prolongée si aucune mesure tangible n’émerge, préviennent-ils. Cette protestation société civile RDC s’inscrit dans une stratégie d’actions graduées, la ville morte constituant la phase la plus visible d’un mécontentement croissant.
L’absence de réaction immédiate des forces de l’ordre durant ces deux jours contraste avec la tension palpable. Les motos-taxis circulant à Durba ou les commerces ouverts à Moku n’ont fait l’objet d’aucune intervention. Un silence des autorités qui interroge autant qu’il inquiète. La balle est désormais dans le camp des décideurs : sauront-ils transformer cette colère légitime en plan d’action tangible ? La crédibilité des institutions se joue dans ces territoires oubliés du Haut-Uele où chaque jour perdu aggrave le sentiment d’abandon.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd