Des violents affrontements ont opposé, dans la nuit du jeudi 5 juin, les combattants Wazalendo aux rebelles du M23 à Mabingu. Ce village stratégique, situé à la frontière des territoires de Kabare et Kalehe, est devenu l’épicentre d’une confrontation dévastatrice. Les combats, initiés dès le mercredi 4 juin, se sont intensifiés en une bataille rangée. Pertes humaines et exodes forcés marquent désormais cette zone du Sud-Kivu.
Selon des sources locales, les Wazalendo ont lancé une offensive ciblée contre les positions du M23. Ces rebelles occupaient Mabingu depuis près de dix jours. Après des heures d’échanges de tirs nourris, les Wazalendo ont réussi à repousser leurs adversaires. Mais la victoire tactique s’est révélée éphémère. Les hostilités se sont propagées comme une traînée de poudre. Quatre villages du groupement de Mubuku ont été touchés : Murangu, Chirimiro, ainsi que les axes Kachikauma et Mushunguti. Des rafales d’armes automatiques ont retenti jusqu’à l’aube.
En déroute, les rebelles du M23 ont adopté des méthodes brutales. Des rafles systématiques ont été menées à la lisière du Parc national de Kahuzi-Biega. Des témoins affirment que des hommes civils ont été arbitrairement arrêtés. Les combattants les assimilaient aux Wazalendo. Cette opération de représailles n’a pas épargné les innocents. Des activistes des droits humains confirment un bilan funeste : un civil tué, deux blessés graves dont une femme et une fillette de onze ans.
Parallèlement, une autre offensive du M23 a frappé l’axe Kasheke dans le territoire de Kalehe. Des tirs intenses ont déchiré la nuit, particulièrement vers deux heures du matin. Les rebelles ont perquisitionné des habitations. Tous les hommes trouvés à domicile ont été capturés. Cette escalade de violence crée-t-elle un point de non-retour ?
Face à la terreur, des vagues de déplacements massifs ont commencé. Les habitants du groupement de Mbinga Sud ont fui en catastrophe. Les localités de Tchofi, Kasheke et Luzira se sont vidées en quelques heures. Des colonnes de déplacés marchent désormais vers des refuges précaires. L’île d’Idjwi, Kajuchu, ainsi que les îlots d’Ihoka et Ishovu sont submergés d’arrivants. La crise humanitaire à Kalehe atteint un seuil critique.
Les besoins en aide d’urgence s’accroissent chaque heure. Eau, nourriture et abris manquent cruellement dans les zones d’accueil. Les structures sanitaires locales sont saturées par l’afflux de blessés. Cette situation illustre-t-elle l’échec des mécanismes de protection des civils ? Les autorités provinciales restent muettes sur les mesures concrètes. Les organisations humanitaires appellent à un couloir sécurisé pour l’acheminement des secours.
Ces événements surviennent dans un contexte sécuritaire déjà déliquescent. La région peine à se remettre de mois de conflits intermittents. La communauté internationale observe, impuissante, la résurgence des violences. En l’absence de médiation crédible, la population paie le prix fort. Combien de Mabingu faudra-t-il avant une prise de conscience globale ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net