Dans son bureau aux murs chargés de cartes urbaines, le gouverneur Daniel Bumba fixe les autorités locales d’un regard qui ne tolère plus l’improvisation. « Comment expliquer à nos enfants que le cœur de notre capitale ressemble à un champ de bataille commercial ? », lance-t-il, martelant du poing les dossiers sur la prolifération des étalages sauvages. Cette scène révélatrice illustre la détermination inédite affichée ce mardi lors de la réunion cruciale avec bourgmestres et chefs de quartiers, ultime salve de l’opération « Balabala eza wenze te ».
Le chef de l’exécutif provincial a dégainé une feuille de route implacable : éradication totale des marchés pirates qui gangrènent les artères de Kinshasa, libération immédiate des carrefours étranglés par le stationnement sauvage, et suppression des nuisances sonores transformant les nuits kinoises en cauchemars permanents. La cible prioritaire ? Ces garages anarchiques qui dévorent l’espace public comme des tumeurs, symptômes criants du désordre urbain.
Mais comment appliquer ces mesures sans heurter des milliers de petits vendeurs pris au piège de l’économie informelle ? Daniel Bumba mise sur une mobilisation en trombe des autorités locales, combinant fermeté et pédagogie. « Sans ordre urbain, point de modernisation possible », rappelle-t-il, conscient que chaque emprise publique illégalement occupée compromet l’avenir de la métropole. La stratégie inclut un volet financier crucial : intensifier la mobilisation des recettes pour financer la réhabilitation routière, seul remède durable à la paralysie kinoise.
L’opération Balabala eza wenze te, dont le nom résonne comme un slogan de guerre dans les ruelles de Matonge, exigera une coordination inédite entre police, divisions urbaines et services techniques. Une collaboration qui soulève des défis colossaux dans une ville où les intérêts contradictoires s’entrechoquent. Pendant que certains bourgmestres prennent des notes fébriles, d’autres échangent des regards sceptiques : jusqu’où pourra-t-on résister aux pressions politiques et sociales ?
Cette offensive contre l’occupation illicite des trottoirs et places publiques pose une question fondamentale : Kinshasa pourra-t-elle concilier assainissement urbain et justice sociale ? Le gouverneur en est convaincu : libérer les emprises publiques n’est pas un caprice autoritaire, mais la condition sine qua non pour redonner aux Kinois leur dignité urbaine. Reste à transformer cette ambition en réalité tangible, dans une métropole où le chaos semble parfois érigé en système.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
