Le sol s’est dérobé sous leurs pieds dans un grondement sourd. Lundi 2 juin 2025, deux creuseurs artisanaux ont perdu la vie dans un éboulement minier sur le site interdit de Komba, à Tshikapa. Leurs corps, ensevelis sous des tonnes de terre alors qu’ils tentaient d’extraire du diamant dans des puits clandestins, symbolisent le drame silencieux qui ronge le Kasaï. « Les victimes opéraient illégalement, en violation flagrante des normes minières en milieu urbain », confirme d’une voix grave Clément Kasayi, chef de division provinciale des Mines. Un constat administratif qui résonne comme un épitaphe pour ces hommes dont l’activité prohibée nourrissait pourtant les familles.
Comment en est-on arrivé là ? Tandis que les secours tiraient les dépouilles de ce tombeau de boue, le ministre provincial des Mines Kazadi Kabumba annonçait l’évacuation d’urgence de la zone. « Nous avons instruit la police minière pour sécuriser le périmètre et protéger les populations », déclare-t-il, face à des puits où s’activent encore des silhouettes courbées. Pourtant, chaque interdiction semble se heurter à une réalité implacable : dans cette région où le diamant coule comme un mirage, des centaines de jeunes préfèrent défier la mort plutôt que la faim. Des témoins décrivent ces sites maudits où l’on s’enfonce sans casque, sans étaiement, avec pour seule assurance l’espoir d’une pierre précieuse.
L’exploitation diamantifère illégale à Tshikapa n’est pas qu’un accident minier de plus. C’est le symptôme d’une économie de survie qui pousse les creuseurs artisanaux du Kasaï dans des abîmes de précarité. Malgré les risques évidents, malgré l’interdiction formelle, le site de Komba attire comme un aimant ceux que l’absence d’alternatives condamne au péril souterrain. « Que faire quand le choix est entre creuser ou voir ses enfants maigrir ? » s’interroge un habitant sous couvert d’anonymat. Cette question, les autorités provinciales la renvoient désormais en appelant à la « responsabilité communautaire », promettant un renforcement des contrôles.
Pourtant, chaque mesure se heurte au même dilemme : comment éteindre une activité qui fait vivre des milliers de foyers ? L’accident de la mine Komba révèle l’échec des politiques répressives face à l’urgence sociale. Les creuseurs artisanaux, ces invisibles du secteur minier, paient de leur vie l’absence de cadre sécurisé et de formalisation de leur labeur. Tshikapa pleure aujourd’hui deux des siens, mais combien d’autres corps jonchent les galeries clandestines du Kasaï ? Tant que l’or bleu restera la seule planche de salut économique, les éboulements continueront d’ensevelir des rêves sous les décombres.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
