Une délégation de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) s’est installée à Kinshasa ce 2 juin 2025 pour une mission d’information stratégique, répondant à l’appel pressant des autorités congolaises. Jusqu’au 6 juin, cette équipe plurinationale scrute la complexité de la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC, où des décennies de conflits armés continuent de déstabiliser des millions de civils. Mais cette mission OIF en RDC représente-t-elle un tournant dans l’implication francophone ?
Pilotée par Muriel Berset Kohen, ambassadrice et représentante personnelle de la Suisse auprès de la Francophonie, la mission réunit des experts de la Côte d’Ivoire, du Maroc et du Togo. Selon le communiqué officiel du 3 mai, l’objectif est double : affiner la compréhension des dynamiques locales et « identifier des pistes concrètes pour renforcer la coopération » avec Kinshasa. Cette démarche s’inscrit dans un engagement renouvelé de la Francophonie Congo face à l’urgence humanitaire.
Les rencontres prévues à Kinshasa dessinent une approche holistique. La délégation consultera aussi bien les ministres clés du gouvernement congolais que les représentants de la société civile et les partenaires internationaux sur le terrain. Ces dialogues multisectoriels nourriront un rapport décisif, assorti de recommandations opérationnelles pour l’OIF. Une telle méthode peut-elle transcender les diagnostics habituels pour aboutir à des actions tangibles ?
La suite du calendrier révèle l’ambition régionale de cette médiation. Du 7 au 11 juin, la mission s’envolera vers Nairobi, Kigali et Lomé afin d’engager un dialogue direct avec les acteurs impliqués dans la résolution de la crise. Cette tournée sous-tend une réalité géopolitique : aucune paix durable dans l’Est congolais ne pourra émerger sans une coordination renforcée avec les voisins immédiats. La coopération internationale à Kinshasa sert ici de tremplin vers une diplomatie préventive élargie.
Historiquement, l’Est-RDC reste piégé dans un cycle de violence où groupes armés locaux et internationaux se disputent le contrôle des ressources minières. L’intervention de l’OIF intervient alors que les récentes initiatives de paix butent sur des blocages persistants. En capitalisant sur son réseau diplomatique et son influence multilatérale, la Francophonie pourrait jouer un rôle de facilitateur neutre là où d’autres acteurs peinent à s’imposer. Les recommandations issues de cette mission seront scrutées à la loupe, tant par Kinshasa que par les capitales régionales.
Cette initiative marque un réengagement significatif de l’OIF dans les crises africaines, rappelant que la paix dans l’Est-RDC dépasse les frontières linguistiques ou culturelles. Si les défis restent immenses – trafic d’armes, déplacements massifs de population, tensions transfrontalières – la construction méthodique d’un consensus via cette médiation régionale offre une lueur d’espoir. Le véritable test résidera dans la capacité à transformer les analyses en mécanismes d’action concrets, capables de briser enfin l’engrenage de la violence.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net