Dans le Sud-Kivu, une crise sanitaire silencieuse frappe durement les populations les plus vulnérables. Plusieurs zones de santé reculées, notamment celles de l’axe Shabunda, Lulingo et Kalebe, font face depuis plusieurs mois à une pénurie vaccins Sud-Kivu sans précédent. Imaginez des centres de santé vides de vaccins essentiels tandis que des enfants grandissent sans protection contre la polio ou la rougeole. Comment en est-on arrivé à cette situation alarmante ?
Le Dr Joseph Matundanya Asumani, médecin coordonnateur provincial du Programme élargi de vaccination (PEV), tire la sonnette d’alarme. “La guerre a provoqué une rupture totale d’approvisionnement”, explique-t-il, pointant du doigt l’impact du conflit M23 santé sur les infrastructures logistiques. Ces zones santé Sud-Kivu dépendaient entièrement du transport aérien, aujourd’hui paralysé depuis la prise de Bukavu par les rebelles il y a plus de trois mois. L’aéroport fermé, plus aucune cargaison de vaccins n’a pu atterrir, créant une rupture dramatique dans la chaîne sanitaire.
Quels risques concrets cette pénurie fait-elle peser sur les communautés ? Sans vaccination, les enfants deviennent immédiatement vulnérables à des maladies évitables. La rougeole pourrait ressurgir, tandis que la résurgence de la polio menacerait des années de progrès sanitaires. Le Dr Matundanya souligne ce danger : “Ces territoires enclavés sont dans une impasse, mettant en péril des vies, particulièrement celles des plus jeunes”. Cette situation illustre comment les conflits armés dévastent indirectement les systèmes de santé, transformant les avions cloués au sol en cercueils potentiels.
Face à cette urgence, des solutions alternatives émergent péniblement. Certaines zones moins isolées bénéficient encore d’un approvisionnement routier, une bouée de sauvetage précaire. Mais pour les régions critiques, le Dr Joseph Matundanya plaide pour une refonte complète des circuits logistiques. “Il faut réorganiser d’urgence l’approvisionnement vaccins RDC“, insiste-t-il, proposant que Kindu devienne un hub pour ravitailler Shabunda, tandis que Kalemie approvisionnerait Uvira. Ces propositions, bien que complexes à mettre en œuvre en zone de conflit, représentent l’unique issue pour rétablir une couverture vaccinale minimale.
La vaccination fonctionne comme un bouclier collectif : quand une partie de la population n’est plus protégée, c’est toute l’immunité communautaire qui s’effrite. Combien d’enfants devront contracter des maladies évitables avant que des corridors humanitaires ne soient sécurisés ? Cette crise exige une mobilisation immédiate des autorités sanitaires et de la communauté internationale pour désenclaver ces régions oubliées. Car chaque jour sans vaccin compromet l’avenir sanitaire de toute une génération du Sud-Kivu.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net