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Ituri : l’accord historique Hema-Lendu à Fataki, un fragile espoir pour les déplacés

Dans la chaleur étouffante de Fataki, un serment ancestral a résonné jeudi 29 mai. Les mains ridées des chefs coutumiers, représentants des communautés Hema et Lendu, ont scellé un accord de paix qui fait trembler d’espoir des milliers de déplacés. « Je veux juste retrouver ma terre avant de mourir », murmure Kambale, 72 ans, réfugié près d’une base MONUSCO depuis que les milices ont brûlé son village. Cette signature dans cette localité à 85 km de Bunia marque-t-elle enfin la fin de décennies de violences intercommunautaires ?

Le dialogue intercommunautaire d’Ituri, facilité par le gouvernement provincial et la MONUSCO, visait explicitement à reconstruire le tissu social déchiré. « Nos ancêtres vivaient ensemble avant que le sang ne coule entre nos enfants », souligne le chef Bahema Bajere lors de la cérémonie. Pourtant, le chemin fut semé d’embûches. Dès l’ouverture, des leaders Lendu boycottèrent les plénières, dénonçant des « discussions en plein cimetière » tant que les attaques des groupes CODECO persistaient. Une amertume palpable dans les camps où s’entassent 120 000 déplacés du territoire de Djugu.

L’insécurité chronique reste l’épine dorsale du conflit. Dans la région de Fataki et Djaiba, cibles prioritaires de l’accord, les kalachnikovs des milices Zaïre continuent de régner sur des terres abandonnées. « Comment rentrer quand nos champs sont devenus des champs de mines ? » interroge une femme rencontrée près du site de déplacés de Djatsi. Les statistiques provinciales sont accablantes : 70% des villages de la zone portent encore les stigmates des incendies et pillages systématiques.

La percée vint le deuxième jour, quand un comité restreint de récalcitrants accepta un dialogue parallèle. Cette flexibilité permit l’adoption de deux rapports consultatifs exigeant notamment le désarmement des jeunes et la sécurisation des axes de retour. « Le processus de paix de Djougou ne sera crédible que si les femmes peuvent de nouveau puiser l’eau au fleuve sans craindre les violences », insiste un facilitateur de la MONUSCO sous couvert d’anonymat.

Derrière les poignées de main officielles, les défis s’amoncellent. La question foncière, pomme de discorde historique entre éleveurs Hema et agriculteurs Lendu, n’a reçu que des solutions embryonnaires. Pire, certains déplacés de Fataki dénoncent déjà un « accord de chefs » déconnecté de leurs réalités quotidiennes. « On nous promet la cohésion sociale depuis 20 ans, mais ma fille est née dans un camp », regrette une mère de famille montrant son bébé malnutri.

Si cet accord ouvre une fragile fenêtre, sa pérennité dépendra de la traduction concrète des engagements. Les autorités provinciales promettent désormais des patrouilles mixtes et des comités locaux de médiation. Mais dans l’Ituri meurtrie, où les cicatrices des massacres restent vives, la méfiance persiste. La vraie signature sera celle des paysans retrouvant leurs champs, des enfants reprenant le chemin de l’école – bref, la résurrection silencieuse de la vie ordinaire. Le long chemin vers Djougou ne fait que commencer.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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