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Coupure d’eau à l’Ouest de Kinshasa : la REGIDESO Lukunga paralysée par le sable

« 16 000 francs congolais par jour, c’est le prix de notre survie ! » lâche Ketia, 18 ans, en essuyant la sueur de son front. Dans le quartier Pompage, cette jeune fille doit désormais payer chaque bidon d’eau 1 000 francs, plus 5 000 francs pour le transport jusqu’à sa maison perchée sur la colline de Sola. Son calvaire illustre la pénurie d’eau qui frappe durement l’Ouest de Kinshasa depuis l’arrêt brutal de l’usine de traitement de la REGIDESO Lukunga ce lundi 26 mai.

Des communes entières suffoquent. À Mont Ngafula, Ngaliema et Kintambo, les robinets sont secs. Les quartiers de Malweka, Kinsuka Pêcheurs, Brikin, Mbudi et Kintambo vivent au rythme des corvées d’eau. Eugénie, mère de famille à Kinsuka Pêcheurs, connaît trop bien ce scénario : « Chaque forte pluie nous condamne à deux ou trois jours sans eau. Nous courons comme des fous vers les forages privés, mais comment une famille peut-elle vivre ainsi ? » Sa question résonne dans des milliers de foyers où l’eau potable est devenue un luxe.

La coupure d’eau à Kinshasa Ouest trouve son origine dans les intempéries récentes. Les pluies diluviennes ont charrié des tonnes de sable dans les rivières Lukunga, Lukaya et N’djili, obstruant les systèmes de captage. « Les tuyauteries sont complètement envahies », confirme Raymond Matundu Parka, directeur régional de la REGIDESO pour Kinshasa Ouest. Cette usine traitement d’eau arrêtée plonge la région dans une crise prévisible, mais toujours aussi mal vécue.

Sur le terrain, la solidarité s’organise tant bien que mal. Devant les forages commerciaux, les queues s’allongent sous le soleil. Un bidon de 25 litres se négocie entre 500 et 1 000 francs, une somme prohibitive pour des familles dont le revenu mensuel moyen ne dépasse pas 100 000 francs. « Avant, l’eau était un droit. Aujourd’hui, c’est un business qui assèche nos porte-monnaie », déplore un père de famille à Mbudi, montrant ses tickets de paiement alignés comme un témoignage silencieux de sa détresse.

La REGIDESO tente d’apaiser les esprits. Des équipes s’affairent à dégager les bancs de sable qui paralysent l’usine de Lukunga. Mais M. Matundu Parka reste évasif : « Les travaux avancent, mais je ne peux garantir de date de retour à la normale. » Cette incertitude nourrit la colère dans les quartiers affectés par la pénurie d’eau Ouest Kin. Comment une métropole comme Kinshasa peut-elle rester aussi vulnérable aux caprices de la nature ?

Derrière cette crise technique se cache un enjeu sociétal plus profond. Les coupures récurrentes révèlent la fragilité des infrastructures face aux changements climatiques. À chaque saison des pluies, les mêmes scènes se répètent : tuyauteries REGIDESO obstruées, usines à l’arrêt, population en souffrance. « Nous payons régulièrement nos factures, mais à la première averse, on nous abandonne à notre sort », proteste un habitant de Don Bosco. Alors que les températures avoisinent les 32°C, l’accès à l’eau devient une question de dignité humaine. Jusqu’à quand les Kinois devront-ils compter sur la pluie pour boire, cuisiner et se laver ?

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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