Le crissement des bulldozers a résonné ce mercredi 28 mai au stade Camp Makuta de Kindu, marquant le début d’une opération tant attendue par des centaines de riverains. Sous les yeux d’une foule massée derrière les barrières de sécurité, les engins ont méthodiquement réduit en gravats fondations, clôtures et même une église construite illégalement sur ce terrain public. « Notre stade était envahi. Il n’était plus un espace vert », lance Salumu Djafari, la voix tremblant d’émotion. Ce père de famille fait partie des habitants du quartier qui se sentaient spoliés : « Nous remercions la justice de nous rétablir dans nos droits ».
Cette démolition à Kindu, chef-lieu du Maniema, fait suite à des mois de plaintes citoyennes relayées par l’assemblée provinciale. Des constructions anarchiques avaient progressivement grignoté 70% de l’espace du stade, transformant ce poumon vert en chantier sauvage. Mais à quel prix pour ceux qui y avaient investi leurs économies ? La scène montre deux réalités congolaises qui s’affrontent : d’un côté, des habitants exultant devant la reconquête de leur terrain de jeu, de l’autre, des propriétaires éplorés regardant s’écrouler leur rêve de propriété.
Lawamo Selemani, président de la commission de démolition, garde un visage grave durant les opérations. « Nous appelons la population à la vigilance lors de tout achat parcellaire », déclare-t-il aux journalistes, soulignant que ces situations découlent souvent de transactions foncières opaques. Son équipe a identifié une dizaine de fondations illégales et plusieurs clôtures érigées sans autorisation, symptômes d’un urbanisme incontrôlé qui gangrène les espaces publics en RDC.
Cette intervention au stade emblématique de Kindu n’est qu’un premier pas. Des sources au sein de la commission confirment que d’autres sites spoliés dans la ville subiront le même sort. Une décision courageuse qui pose cependant des questions brûlantes : comment prévenir ces occupations illicites ? Quels recours pour les victimes de vente frauduleuse ? Le défi de l’urbanisme au Maniema se joue désormais dans cet équilibre délicat entre droit à la ville et respect de la propriété publique. Alors que les poussières de béton retombent sur Camp Makuta, une certitude émerge : la reconquête des espaces collectifs est désormais une priorité provinciale.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net