Dans un contexte marqué par les attentes pressantes de la population, la descente sur le terrain du président de l’Assemblée provinciale de la Tshopo, Dr Mateus Kanga Londimo, ce jeudi 22 mai 2025, relance le débat sur l’efficacité des grands chantiers publics à Kisangani. Accompagné d’une délégation comprenant le député provincial Bernardin Mbiligno, des responsables du BCECO et des entreprises contractantes, cette inspection des travaux de réhabilitation de la voirie urbaine révèle autant d’avancées que de zones d’ombre.
« L’Assemblée provinciale ne pouvait rester spectatrice », a martelé Dr Kanga, soulignant le caractère inédit de cette visite depuis le lancement des travaux. Un aveu implicite : le contrôle parlementaire local, longtemps absent, tente de rattraper un temps perdu. Les entreprises Mont Gabaon et Safrimex, chargées des travaux, ont présenté un bilan en demi-teinte – 36 mois de délai initial menacés par des retards que le président qualifie de « légers », sans en préciser l’impact réel sur le calendrier.
Derrière les assurances affichées (« le rythme s’accélérera »), persiste une question cruciale : ces chantiers, présentés comme vitaux pour la « renaissance de Kisangani », tiendront-ils leurs promesses face aux défis logistiques et aux exigences qualitatives ? Le BCECO, organe de contrôle étatique, reconnaît déjà « quelques failles » dans les zones encore en phase initiale. Un euphémisme qui interroge sur la rigueur des suivis techniques.
« Rien n’est parfait », concède Dr Kanga, appelant à des corrections tout en saluant un « niveau satisfaisant ». Une rhétorique équilibrée typique des sorties officielles, mais qui masque mal les tensions entre urgence politique et réalité du terrain. Le président provincial lance surtout un appel à la « protection populaire » des infrastructures, aveu indirect de la fragilité des dispositifs de sécurité existants.
En filigrane de cette inspection se dessine un enjeu plus stratégique : la réappropriation par les institutions locales de projets largement financés par le gouvernement central. Les éloges appuyés au président Tshisekedi et au ministre Doudou Fwamba Likunde rappellent que ces travaux s’inscrivent dans un narratif national de développement. Mais jusqu’à quel point les autorités provinciales parviennent-elles à imposer leur vision dans ce partenariat déséquilibré ?
Reste la question du calendrier. Si Mont Gabaon promet une accélération, l’absence de données précises sur les nouveaux délais alimente les scepticismes. La prochaine visite de l’Assemblée provinciale sera-t-elle l’occasion d’une évaluation plus transparente ? Ou simplement un nouveau chapitre dans le théâtre des annonces politiques ?
Entre les impératifs techniques et les calculs politiques, Kisangani vit un moment charnière. Ces travaux, présentés comme « les plus grands chantiers depuis des décennies », cristallisent autant les espoirs d’une métropole en quête de modernité que les doutes sur la capacité de l’administration congolaise à concilier vitesse et qualité. La suite dépendra autant du sérieux des entreprises que de la vigilance citoyenne – deux variables encore en cours de test.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net