Des violences ont secoué Mbanza-Ngungu ce lundi 26 mai, opposant forces de l'ordre et fidèles du mouvement Kintuadi kia ba Ngunza. Trois policiers ont été blessés lors de ces affrontements, marqués par le saccage de l'auditorat militaire et du commissariat local. Les tensions trouvent leur origine dans l'arrestation, deux jours plus tôt, de trois membres de ce groupe religieux surnommé "Église des noirs".
Selon le commandant Jean-Louis Liongo, les incidents ont débuté par une tentative d'assaut contre l'auditorat militaire. Les manifestants exigeaient la libération de leurs coreligionnaires interpellés pour profanation de l'église catholique de Zongo. Des statues de la Vierge Marie et divers objets liturgiques avaient été détruits lors de cet acte de vandalisme samedi 24 mai.
Les forces de sécurité ont fait usage de gaz lacrymogènes pour repousser les assaillants armés de pierres et de couteaux. Des projectiles ont endommagé vitres et équipements administratifs. Un véhicule de police stationné devant le commissariat territorial a été partiellement incendié.
Pourquoi cette escalade de violence ? Les fidèles de Kintuadi kia ba Ngunza accusent la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) d'ingérence politique. "L'Église catholique manipule le pouvoir pour étouffer nos pratiques spirituelles ancestrales", clame un manifestant sous couvert d'anonymat.
Trois suspects majeurs ont été arrêtés dans la foulée des heurts, dont l'auteur présumé des blessures infligées aux policiers. Transférés au parquet civil de Matadi, ils risquent des poursuites pour "atteinte à la sûreté de l'État" et "destruction de biens publics". Le tribunal militaire garde néanmoins la main sur l'enquête concernant la profanation d'édifice religieux.
Cette crise intervient dans un contexte de tensions interconfessionnelles croissantes au Kongo Central. Plusieurs observateurs pointent du doigt la radicalisation de certains groupes religieux autoproclamés. Les autorités provinciales annoncent un renforcement des patrouilles mixtes (police-armée) autour des lieux de culte.
Quelles suites juridiques ? Le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Mbanza-Ngungu a ouvert une information judiciaire pour "troubles à l'ordre public" et "association de malfaiteurs". Les trois fidèles initialement arrêtés restent écroués malgré les demandes de libération sous caution formulées par leur avocat.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net