La région de Rutshuru, au Nord-Kivu, plonge dans une nouvelle spirale de violence. Ce dimanche 25 mai, des détonations d’armes lourdes ont résonné dès l’aube dans le groupement Tongo, précisément à Kahunga. Les rebelles du M23, positionnés à Kirima, ont dirigé leurs tirs vers les villages de Kirumba et Kagando. Les affrontements, selon des témoins locaux, se seraient prolongés jusqu’en début d’après-midi, plongeant les habitants dans une psychose collective.
Les cibles annoncées de ces attaques ? Les combattants des FDLR et des Wazalendo, groupes rivaux activement engagés dans cette guerre d’usure. Mais le bilan humain révèle une autre réalité : cinq blessés et un mort, tous civils résidant à Kagando. Comment justifier ces pertes civiles dans un conflit qui oppose principalement des factions armées ? La question reste en suspens, alors que les autorités locales évoquent une « progression inquiétante » des rebelles vers Bambo-Centre.
L’offensive du M23 génère un exode massif. Rien que dans la chefferie de Bwito, plus de 900 familles ont fui leurs foyers ces trois dernières semaines. Direction : Bambo-Centre, dernier refuge perçu comme sécurisé. Mais jusqu’à quand ? Les déplacés, entassés dans des écoles et églises, décrivent des conditions de vie alarmantes. « Nous avons tout abandonné pour survivre », confie l’un d’eux sous anonymat.
Cette escalade s’inscrit dans un contexte plus large. Depuis des mois, le M23 et l’AFC (Alliance des Forces pour le Congo) se disputent le contrôle stratégique du territoire. Les combats autour de Bambo-Centre, carrefour économique clé, cristallisent les enjeux. Les Wazalendo, autoproclamés « patriotes », tentent de contenir l’avancée rebelle avec l’appui tacite des FDLR. Une alliance contre-nature qui complexifie la résolution du conflit.
Les humanitaires tirent la sonnette d’alarme. Le HCR signale une pénurie criante de nourriture et de médicaments à Bambo-Centre. Les ONG locales, débordées, réclament un couloir d’aide d’urgence. En parallèle, la MONUSCO affirme « surveiller de près » la situation. Mais sur le terrain, aucune présence visible de casques bleus n’a été rapportée ces dernières 48 heures.
L’enquête ouverte par les autorités provinciales tarde à rendre ses conclusions. Qui est responsable des tirs ayant touché des civils ? Les versions divergent. Le M23, contacté via des canaux informels, nie toute implication dans des frappes indiscriminées. « Nous ciblons uniquement les terroristes », clame un porte-parole. Une rhétorique qui peine à convaincre les organisations de défense des droits humains.
La communauté internationale reste étrangement silencieuse. L’Union africaine n’a émis aucun communiqué spécifique depuis le regain de tensions. Pendant ce temps, à Kinshasa, le gouvernement central promet « des mesures fortes » pour stabiliser la région. Mais sur le front du Nord-Kivu, les populations n’y croient plus. Elles réclament avant tout une protection immédiate et des solutions durables.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net