Une nouvelle flambée de violence secoue le territoire de Masisi au Nord-Kivu. Le groupe armé UPDC de Noah Maachano affronte l’autorité locale après l’interdiction d’exploiter la carrière minière de Kirambo. Cette mesure s’inscrit dans l’application stricte de l’arrêté ministériel du 12 février 2025 classant plusieurs sites miniers des Kivu sous statut « Rouge ».
Le ministre des Mines Kizito Pakabomba justifie cette décision par un double constat implacable : l’exploitation minière illicite en RDC alimente des réseaux transfrontaliers qui financent les groupes armés. « Ces minerais de sang rougissent nos mains et nos consciences », aurait déclaré le ministre lors de la signature du décret.
La tension a atteint son paroxysme le 19 mai dernier. Une unité de la Police nationale congolaise a procédé à l’arrestation de neuf creuseurs artisanaux dans la carrière de Kirambo. Opérant clandestinement pour extraire rubis et tourmaline, ces mineurs illégaux représentaient selon les autorités un maillon clé de la crise sécuritaire à Kirambo.
La réaction de l’UPDC ne s’est pas fait attendre. Noah Maachano a déployé ses combattants pour exiger la libération immédiate des artisans arrêtés. Face à la fuite du policier responsable de l’opération, ses hommes se sont rabattus sur son épouse. La femme serait détenue à Remeka, selon des sources locales.
Plusieurs ONG de défense des droits humains tirent la sonnette d’alarme. Elles dénoncent une arrestation arbitraire et réclament la libération de l’otage. « Jusqu’où ira l’escalade entre milices et autorités ? », s’interrogent des observateurs de la société civile.
Cette confrontation met en lumière un dilemme persistant : comment appliquer les mesures étatiques dans des zones sous contrôle armé ? Le secteur d’Ufamandu, théâtre des événements, reste un bastion de groupes rebelles depuis des années. L’incapacité à y rétablir l’autorité de l’État nourrit le conflit armé au Nord-Kivu.
Les enjeux économiques sous-jacents compliquent la donne. La carrière de Kirambo recèlerait des gisements de minerais stratégiques estimés à plusieurs millions de dollars. Une manne qui alimente autant les caisses des milices que les réseaux internationaux de contrebande.
La communauté locale paie le prix fort. « Nous sommes pris en étau entre les exactions des miliciens et les opérations des forces de l’ordre », témoigne un habitant sous couvert d’anonymat. Plusieurs familles auraient fui les combats ces dernières heures.
Les autorités provinciales promettent une réponse ferme. Des renforts militaires auraient été dépêchés pour sécuriser la zone. Reste à savoir si cette intervention suffira à briser le cycle infernal qui mine la région depuis des décennies.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net