Dans une région du Sud-Kivu en proie à une crise humanitaire persistante, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) vient d’apporter une bouée de sauvetage médicale au centre hospitalier de Kasheke. Une donation cruciale de médicaments et de matériel médical arrive alors que cet établissement, situé dans la zone de santé de Kalehe, était au bord de la rupture de stocks, incapable de soigner correctement les victimes des affrontements entre le M23 et les groupes d’autodéfense locaux.
Le Dr Bahati Benjamin, directeur de l’hôpital Kasheke, dépeint une situation alarmante : “Nos réserves étaient épuisées. Des patients quittaient nos services sans traitement, faute de moyens. Cette aide du CICR intervient comme une réponse vitale à l’urgence sanitaire que nous traversons”. Un constat qui révèle l’ampleur des besoins dans cette zone où les déplacés fuyant les combats se comptent par milliers.
Comment fonctionne cette chaîne de solidarité médicale ? Les intrants fournis couvrent les besoins essentiels : antibiotiques, antalgiques, matériel de pansement et produits de réanimation. Une intervention ciblée qui permet de traiter les blessures de guerre mais aussi les pathologies courantes aggravées par les conditions de vie précaires des déplacés.
Le Dr Pacifique Chirhalwirwa, médecin-chef de la zone de santé de Kalehe, insiste sur l’effet multiplicateur de cette aide : “Ces médicaments vont bien au-delà du simple geste humanitaire. Ils représentent une barrière contre les épidémies et permettent de maintenir un filet de sécurité sanitaire minimal pour toute la région”. Une nécessité dans un contexte où seulement 35% des structures sanitaires locales fonctionnent à capacité normale selon les derniers rapports onusiens.
L’action du CICR à Kalehe ne se limite pas à l’hôpital Kasheke. Les centres de santé de Ramba et Tshigoma bénéficient également de ce soutien médical d’urgence. Une stratégie en étoile qui permet de couvrir un bassin de population plus large, incluant les déplacés internes comme ceux venant des territoires voisins.
Mais cette intervention suffira-t-elle à juguler la crise ? Les professionnels de santé sur le terrain tempèrent l’optimisme. Si la donation permet de traiter dans l’immédiat près de 1 500 patients selon les estimations locales, elle ne résout pas les causes profondes de la crise humanitaire en RDC. Le cycle infernal conflits-déplacements-urgences médicales risque de se reproduire sans solution politique durable.
Face à ce défi, les autorités sanitaires appellent à une mobilisation internationale accrue. La protection des structures médicales, le renforcement des systèmes de santé communautaires et l’accès humanitaire sécurisé restent des impératifs pour éviter que le Sud-Kivu ne sombre dans une catastrophe sanitaire sans précédent.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net