Une altercation mortelle a plongé Feshi dans la consternation ce mardi 20 mai. Au cœur du village Nganamutundu, territoire de Feshi (Kwango), une dispute liée à une dette oppose un enseignant à sa créancière. La scène se déroule sur le site de paie des enseignants, lieu symbolique devenu théâtre de violence.
Selon des témoins, la créancière aurait exigé le remboursement devant la foule massée pour recevoir les salaires. Les échanges tendus dégénèrent rapidement. Les policiers en charge de la sécurité du site interviennent pour calmer ce qu’ils qualifient de « trouble à l’ordre public ».
Le basculement survient en quelques secondes : un agent fait d’abord feu en l’air. Son collègue braque ensuite son arme vers la foule. Deux enseignants venus de percevoir leur salaire s’effondrent sous les balles. L’un succombe sur place, atteint mortellement. L’autre est évacué avec une blessure à l’épaule.
« Ce genre de prêts à intérêt crée régulièrement des tensions lors des paies », explique Georges Matabisi, administrateur du territoire de Feshi. Son témoignage met en lumière une pratique financière informelle aux conséquences explosives. Comment une opération de maintien de l’ordre a-t-elle pu virer au drame ? La question hante désormais la communauté locale.
Les deux policiers impliqués dans les tirs ont pris la fuite, selon des sources concordantes. Leurs motivations restent obscures. L’administration territoriale reconnaît son impuissance à poursuivre efficacement les enquêtes : « Nos moyens sont limités », concède Matabisi, soulignant un problème structurel dans la région.
Les employés de la banque Ecclesia, chargés de la distribution des salaires, ont quitté les lieux indemnes. Leur protocole de sécurité face à ce type d’incident n’a pas été détaillé. Cette tragédie relance le débat sur les conditions de paiement des enseignants en zone rurale. Faut-il renforcer les dispositifs de sécurité ? Réformer les mécanismes de crédit pour les fonctionnaires?
Le Kwango connaît un inquiétant précédent. En 2022 déjà, des heurts lors d’une paie d’enseignants avaient fait trois blessés à Kenge. La répétition de ces violences pose crûment la question du contrôle des armes au sein des forces de l’ordre. Combien de drames faudra-t-il pour que des mesures concrètes soient prises ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
