Une nouvelle escalade de violence secoue la province de l’Ituri. Les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont engagé des combats acharnés contre les rebelles du CRP, groupe armé affilié à l’ancien chef milicien Thomas Lubanga. L’objectif des assaillants : prendre le contrôle stratégique de Bunia.
Selon le lieutenant Jules Ngongo, porte-parole militaire dans la zone, les FARDC ont repoussé une offensive rebelle visant la localité de Lopa. « Nos forces ont infligé de lourdes pertes à l’ennemi », a-t-il affirmé lors d’un briefing sécuritaire. La zone, située à moins de 30 km de Bunia, reste sous haute surveillance.
Des sources locales rapportent cependant une réalité plus complexe. Plusieurs villages des environs de Djugu et Mahagi seraient tombés sous influence rebelle ces dernières semaines. Un habitant de Lopa, sous couvert d’anonymat, décrit une situation de « partition territoriale de fait » entre belligérants.
Le CRP, héritier des milices ayant ensanglanté l’Ituri dans les années 2000, intensifie ses mouvements depuis trois mois. Son avancée vers Bunia inquiète les observateurs. Cette ville-carrefour constitue un enjeu économique et symbolique majeur pour le contrôle de la région.
« Les opérations de traque se poursuivent contre ces éléments en déroute », assure le porte-parole Ngongo. Mais sur le terrain, des témoins évoquent des accrochages sporadiques et un front mouvant. La stratégie des rebelles, marquée par des attaques éclairs et des replis tactiques, complique le travail des forces régulières.
Cette résurgence violente intervient dans un contexte sécuritaire déjà délétère. L’Ituri subit depuis 2022 une recrudescence d’attaques contre les civils. Plus de 300 000 déplacés ont fui leurs villages cette année selon le HCR. La communauté humanitaire redoute un nouvel exode massif si les combats persistent.
Quel impact cette offensive a-t-elle sur la population civile ? Des sources médicales à Bunia signalent l’arrivée de blessés par balle et de cas de malnutrition sévère. Les cultures abandonnées et les axes routiers coupés menacent la sécurité alimentaire de toute la province.
En parallèle des opérations militaires, des voix s’élèvent pour dénoncer l’enrôlement forcé d’adolescents par les deux camps. Une pratique que ni les FARDC ni les rebelles n’ont officiellement commentée.
La communauté internationale suit ce dossier avec attention. La MONUSCO a renforcé ses patrouilles aériennes au-dessus des zones critiques. Reste à savoir si cette présence dissuadera de nouvelles avancées rebelles.
Alors que Bunia retient son souffle, une question cruciale demeure : cette contre-offensive des FARDC marque-t-elle un tournant décisif ou l’accalmie précaire avant une nouvelle tempête ? La réponse se jouera dans les prochaines semaines sur les collines de l’Ituri.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net
