Dans la nuit du 8 au 9 mai 2025, le territoire de Fizi, au Sud-Kivu, a été frappé par une tragédie silencieuse. « Les eaux ont tout emporté : nos maisons, nos récoltes, même nos voisins », témoigne Kahindo*, survivante de 34 ans, les yeux rivés sur les débris de sa maison en terre. Comme elle, des milliers de Congolais se retrouvent aujourd’hui sans abri, face à une nature déchaînée qui a fait au moins 120 victimes. Comment une région déjà vulnérable peut-elle absorber un tel choc ?
La rencontre entre la Première ministre Judith Suminwa Tuluka, Monseigneur Sébastien Muyengo et le député Justin Bitakwira a mis en lumière l’urgence d’une réponse coordonnée. « Nous demandons un soutien immédiat pour enterrer nos morts dignement et reloger les familles », a insisté le député Bitakwira, rappelant que 800 sinistrés survivent dans des conditions inhumaines. Derrière ces chiffres, une réalité brutale : la déforestation massive des collines a transformé les pluies saisonnières en torrents meurtriers.
La réponse gouvernementale, bien que tardive, se veut rassurante. « Tous les ministères concernés sont mobilisés », a déclaré Judith Suminwa Tuluka, évoquant un plan d’action contre les catastrophes climatiques. Mais sur le terrain, les survivants s’impatientent. « Les promesses arrivent toujours après les caméras », soupire un leader communautaire sous couvert d’anonymat.
Cette catastrophe pose une question cruciale : la RDC est-elle condamnée à subir passivement les colères du climat ? Les spécialistes pointent du doigt l’absence de politiques préventives. « Chaque année, les rivières sortent de leur lit, mais on reconstruit au même endroit », déplore un ingénieur environnemental. La déforestation pour le charbon de bois et l’agriculture sur brûlis aggravent le phénomène, transformant les collines en bombes à retardement.
Alors que le gouvernement promet des solutions durables, les habitants de Fizi tentent de reconstruire leurs vies avec des moyens dérisoires. Des écoles transformées en abris d’urgence, des cliniques surchargées, des enfants qui fouillent les décombres… Cette crise révèle une vérité crue : face aux dérèglements climatiques, les plus pauvres paient toujours le prix fort. La solidarité nationale suffira-t-elle à éviter un nouveau drame ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: primature.grouv.cd