Le débat sur la légitimité des Wazalendo en République Démocratique du Congo s’intensifie. Didier Bitaki, expert en désarmement et ancien membre de groupes armés du Nord-Kivu, a vivement critiqué le rapport de l’Institut Ebuteli publié le 16 mai. Qualifié de « tendancieux » et « manipulé de l’extérieur », ce document analyse les motivations des Wazalendo, ces milices intégrées à la Réserve armée de la Défense (RAD).
Bitaki, qui revendique la paternité de la loi instituant la RAD, défend une position sans équivoque : « Les modalités de fonctionnement des Wazalendo sont clairement encadrées. Prétendre qu’ils constituent une menace, c’est ignorer leur statut légal de citoyens défenseurs. » Un rappel qui résonne comme une réponse directe aux conclusions d’Ebuteli, selon lesquelles l’accès à des financements et à l’impunité motiverait leur engagement.
La controverse s’enracine dans une question cruciale : comment concilier sécurité nationale et intégration d’anciens combattants ? « Imaginerait-on un citoyen refuser de défendre sa maison en cas d’attaque ? », interroge Bitaki, comparant la situation à une légitime défense collective. Cette analogie soulève pourtant des inquiétudes. Le rapport Ebuteli met en garde contre les risques de mainmise politique et les dérives potentielles de ces groupes armés congolais.
Au cœur du litige : l’interprétation du cadre juridique. La RAD prévoit-elle réellement des mécanismes de contrôle efficaces ? Bitaki insiste sur les processus de désarmement post-conflit, tandis que les chercheurs dénoncent des zones d’ombre. Le Nord-Kivu, théâtre récurrent de violences, devient ainsi le laboratoire d’un modèle sécuritaire controversé.
Cette polémique dépasse les simples divergences d’analyse. Elle touche à la souveraineté nationale, comme le rappelle l’expert : « Nul ne peut dicter à la RDC ses modalités de défense face aux agressions extérieures. » Un argument qui résonne dans un contexte régional volatile, où chaque initiative sécuritaire congolaise est scrutée par ses voisins.
Reste la question des motivations des Wazalendo. Opportunisme économique ou patriotisme ? Si Bitaki rejette catégoriquement les accusations d’Ebuteli, la multiplication des groupes armés locaux alimente les spéculations. Le gouvernement devra trancher ce dilemme : comment capitaliser sur ces forces sans créer une structure parallèle incontrôlable ?
Les prochains mois seront décisifs. Alors que Kinshasa affiche sa détermination face aux rebellions, l’équilibre entre légalité, sécurité et stabilité politique reste à trouver. L’enjeu ? Éviter que la RAD ne devienne, comme le redoute Ebuteli, « une hypothèque sur l’avenir démocratique du pays ».
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net