La Vice-Première ministre de l’Intérieur et Sécurité a annoncé cette semaine à Kenge l’organisation imminente de forums de paix dans le Grand Bandundu. Objectif : contrer l’expansion de la milice Mobondo, active depuis juin 2024 dans les provinces du Kwango, Kwilu, et au-delà. Cette initiative s’inscrit dans la nouvelle stratégie sécuritaire du gouvernement face à un conflit ayant provoqué des milliers de déplacés et une instabilité chronique.
Mais l’annonce suscite déjà des réserves. Le député national Garry Sakata, élu de Bagata, interpelle sur les erreurs passées. « Deux échecs successifs doivent nous obliger à revoir la méthode », assène-t-il. En ligne de mire : les négociations d’avril et septembre 2024, malgré des engagements solennels, n’ont pas empêché la reprise des violences. Les causes ? Une inclusion contestée des parties prenantes et des médiateurs jugés partialux.
Le parlementaire dénonce un cercle vicieux. « On répète les mêmes recettes en espérant un résultat différent », lance-t-il, exigeant un audit préalable. Parmi ses propositions : identifier rigoureusement les racines du conflit, impliquer des leaders légitimes de toutes les communautés, et garantir des sanctions judiciaires exemplaires. « Sans procès publics pour les auteurs de massacres, aucune paix durable n’est possible », insiste-t-il.
Les précédents accords avaient pourtant marqué des avancées théoriques. Celui d’avril 2024 prévoyait le déploiement de CIAT supplémentaires et l’exonération fiscale pour Kwamouth. En septembre, des mesures socio-économiques ambitieuses étaient actées : indemnisation des victimes, certification des chefs coutumiers, ouverture de la RN17. Mais sur le terrain, peu de concrétisations. Les barrières illégales persistent, les déplacés hésitent à rentrer, et les procès traînent.
Reste une question centrale : ces nouveaux forums éviteront-ils les écueils passés ? Garry Sakata plaide pour un changement de paradigme. « La transparence doit remplacer les arrangements opaques. Et l’État doit montrer sa capacité à protéger et à sanctionner », martèle l’élu. Un appel qui résonne alors que le Kwango compte toujours près de 200 000 déplacés selon l’ONU.
Le calendrier serré – deux mois pour organiser les consultations – ajoute un défi logistique. Les experts en résolution de conflits soulignent l’urgence d’une feuille de route claire. Entre pression sécuritaire et attentes populaires, les autorités congolaises naviguent en eaux troubles. La crédibilité de ce troisième round de négociations dépendra enfin d’un facteur crucial : la volonté politique de rompre avec les pratiques clientélistes.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd