Une crise sanitaire sans précédent frappe le territoire de Shabunda, au Sud-Kivu, où des centaines de patients succombent faute d’accès aux traitements essentiels. Le député national Wenda Mukanga a révélé devant l’Assemblée nationale une pénurie catastrophique de médicaments dans les structures de santé locales, directement liée à la paralysie du pont aérien vital reliant la région à Goma et Bukavu.
Cette rupture logistique, conséquence des combats entre l’armée congolaise et le groupe rebelle M23, agit comme un étau mortel sur les populations civiles. « Comment peut-on parler de sécurité sanitaire quand des blessés de guerre et des femmes enceintes meurent à cause d’une simple coupure d’approvisionnement ? », interpelle le parlementaire dans un enregistrement audio exclusif.
Les conséquences se chiffrent en vies humaines : antirétroviraux introuvables pour les patients VIH, kits obstétricaux absents dans les maternités, antibiotiques rationnés dans les centres de traitement du choléra. Une situation comparable à « un navire en perdition où chaque passager devient son propre médecin », selon des témoignages recueillis par nos sources hospitalières.
Le drame de Shabunda illustre l’impact collatéral des conflits armés sur les systèmes de santé. Avec la route aérienne coupée – principale artère d’approvisionnement depuis 2022 – les stocks de médicaments n’ont pas été renouvelés depuis cinq mois. Les humanitaires sur place évoquent un taux de mortalité hospitalière multiplié par trois depuis janvier 2025.
Face à cette urgence, le député Mukanga exige une réaction gouvernementale immédiate : « Il faut rétablir le pont aérien sous protection de la MONUSCO, instaurer un couloir humanitaire sécurisé et déclencher le plan ORSEC santé pour cette zone ». Des appels relayés par les chefs locaux qui dénoncent « une forme de sanction collective » contre leur territoire.
Les spécialistes de santé publique tirent la sonnette d’alarme : chaque jour de retard dans la réponse risque de provoquer des épidémies incontrôlables. La solution passe par une coordination renforcée entre Kinshasa, les bailleurs internationaux et les acteurs locaux. Car comme le rappelle un médecin de Shabunda sous couvert d’anonymat : « Ici, le prochain médicament qui manquera pourrait être celui qui sauve votre enfant ».
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net