Les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont de nouveau affronté la Coalition Zaïre-CRP de Thomas Lubanga Dylo ce vendredi 16 mai à Djugu. Les combats, reprendus en matinée, ont paralysé l’ensemble des activités dans le groupement Lopa et ses environs. Marchés désertés, écoles fermées, services essentiels suspendus : la vie s’est figée sous le feu croisé des belligérants.
Vers 10 heures, les échanges intenses d’artillerie ont contraint les populations à se terrer. « La situation reste extrêmement tendue », alerte Lotsima Freddy, président de la société civile de Malabo. Les établissements scolaires et médicaux n’ont pas rouvert leurs portes depuis jeudi, plongeant la zone dans une crise humanitaire silencieuse.
Comment en est-on arrivé à cette recrudescence violente ? Les miliciens Zaïre, alliés à la Communauté Religieuse de Paix (CRP), multiplient les attaques depuis le début de la semaine. Leurs cibles : les positions militaires gouvernementales et les villages riverains du lac Albert. Une stratégie d’usure qui fragilise le dispositif sécuritaire dans cette partie de l’Ituri.
Le bilan humain reste indéterminé, mais les conséquences sociétales sautent aux yeux. Près de 80% des habitants auraient fui vers Bunia ou Iga Barrière selon des sources locales. « Où aller ? », s’interroge un déplacé contacté par nos soins. Les routes d’évacuation, sous menace constante, transforment chaque exode en parcours du combattant.
Les autorités provinciales sont sommées de réagir. La protection des civils figure en tête des revendications communautaires. « Nous exigeons une intervention urgente pour sécuriser Malabo et Lopa », insiste Lotsima Freddy. En attendant, les FARDC maintiennent leurs opérations de ratissage malgré la complexité du terrain et les risques de représailles contre les populations.
Cette escalade intervient dans un contexte sécuritaire déjà délétère. Le territoire de Djugu enregistre 57 incidents armés depuis janvier selon l’ONU. Les groupes armés profitent-ils des failles du dispositif de l’état de siège ? La question agite les analystes militaires tandis que les humanitaires dénoncent l’accès bloqué aux zones critiques.
Les prochaines heures s’annoncent déterminantes. Les renforts gouvernementaux peinent à contenir l’avancée des milices vers les centres urbains. Avec 23 écoles fermées rien qu’à Lopa, une génération entière voit son avenir compromis. Jusqu’où montera le prix de cette guerre oubliée ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
