Le Vice-premier Ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a dévoilé lundi à Kenge une refonte majeure de la gouvernance sécuritaire en République Démocratique du Congo. Devant une assistance attentive, le numéro un de la sécurité nationale a insisté sur l’ancrage citoyen des nouvelles mesures destinées à endiguer l’insécurité chronique.
Le dispositif prévoit l’instauration mensuelle de comités locaux de sécurité élargis. Une révolution dans un pays où la gestion sécuritaire relevait jusqu’ici des seules autorités. « Le citoyen congolais siège désormais au même titre que le commissaire provincial ou le commandant de police », a martelé Shabani, soulignant cette implication inédite des forces vives locales.
« Les décisions et leur suivi seront co-construits avec la population souveraine »
Cette approche participative vise particulièrement le Kwango, province stratégique voisine de Kinshasa. La région subit une double menace : l’activisme des milices Mobondo dans les territoires de Kenge et Popokabaka, et la criminalité urbaine des Kuluna. Des fléaux que le ministre compte combattre par un déploiement territorialisé.
La réponse sécuritaire s’articule en deux axes. D’abord, l’encadrement des comités locaux pour neutraliser les réseaux criminels urbains. Ensuite, l’organisation dans les deux mois de forums de paix dans le Grand Bandundu. Ces assises réuniront leaders communautaires, élus et exécutifs provinciaux pour une réinsertion massive des combattants Mobondo.
« Nous accompagnons les initiatives de démobilisation volontaire. Le président Tshisekedi soutient cette approche inclusive qui porte déjà ses fruits sur le terrain »
Le calendrier serré révèle l’urgence de la situation. Les premières réunions des comités mixtes sécurité-population débuteront dès ce mois-ci. Quant aux forums de paix du Kwango, ils serviront de test avant leur extension aux autres provinces concernées par le phénomène Mobondo.
Cette stratégie marque un tournant dans la gestion des crises congolaises. En intégrant les citoyens à la chaîne décisionnelle sécuritaire, le gouvernement tente de rompre avec les approches purement répressives. Reste à savoir si cette démocratisation inédite parviendra à juguler des conflits aux racines à la fois sociales, économiques et politiques.
Les prochaines semaines seront déterminantes. L’efficacité des comités locaux et la participation réelle des populations constitueront le premier indicateur de cette refonte ambitieuse. Un défi de taille pour une nation confrontée à des défis sécuritaires aussi complexes que multiformes.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd