Dans une cérémonie chargée de symboles républicains, Philippe Akamituna a officiellement endossé le manteau de gouverneur du Kwilu ce jeudi à Bandundu. La passation de pouvoir, marquée par la remise des sceaux provinciaux et des clés de l’administration, survient dans un climat d’opacité financière inquiétant. Alors que la province caracole en tête des territoires les plus pauvres de la RDC, le nouveau dirigeant promet de «tailler le chemin dans le roc» – une métaphore aussi poétique que révélatrice des défis titanesques à venir.
Le discours inaugural du gouverneur Akamituna sonne comme un plaidoyer contre le fatalisme économique. «Sortir le Kwilu de la catégorie des provinces pauvres» : l’objectif affiché cache mal l’héritage d’une administration provinciale rongée par des maux chroniques. L’inspecteur de la territoriale Didier Laswe n’a d’ailleurs pas mâché ses mots lors de la cérémonie, dressant un réquisitoire implacable contre «l’amateurisme administratif, la corruption à ciel ouvert et le tribalisme» – triple fléau qui asphyxie depuis des années ce territoire pourtant riche en potentialités.
Comment expliquer que cette province, dotée de ressources agricoles et minières, reste engluée dans la pauvreté ? La réponse semble se nicher dans les interstices d’un système gangrené. Le gouverneur intérimaire Félicien Kiway, tout en se félicitant d’un «devoir accompli», laisse derrière lui une situation financière non dévoilée – silence éloquent qui alimente les spéculations sur d’éventuels détournements. Akamituna hérite-t-il d’une caisse vide ou d’un patrimoine dilapidé ? Le mystère persiste, ajoutant une couche de complexité à sa mission.
Le nouveau locataire de l’hôtel provincial mise sur une refonte des méthodes de gouvernance. «C’est la façon de travailler qui redonnera confiance», insiste-t-il, sous-entendant que ses prédécesseurs ont failli sur ce point. Une critique en creux qui résonne comme un aveu : le Kwilu souffre moins d’un manque de moyens que de leur gestion calamiteuse. La lutte contre la corruption et le népotisme apparaît donc comme le premier chantier – urgence soulignée par les récentes statistiques classant la province parmi les plus touchées par la gabegie administrative.
Reste à savoir si les bonnes intentions résisteront aux réalités du terrain. Le pari d’Akamituna s’apparente à une course contre la montre : il lui faut simultanément assainir les finances, relancer les infrastructures et restaurer la crédibilité de l’institution provinciale. Un équilibre périlleux qui exigera plus que des métaphores guerrières. Alors que Kinshasa observe ce baptême du feu provincial, la population du Kwilu, elle, attend des actes concrets. Le nouveau gouverneur parviendra-t-il à transformer son discours de roc en route pavée de résultats ? L’avenir dira si cette passation de pouvoir marque un tournant ou simplement un changement de décor.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd