Kolwezi, Lualaba – Les cris de colère résonnent encore sur le site minier de Shabara. « Ils ont tout cassé, même le dispensaire où mes enfants se soignaient », témoigne Mama Kapinga, habitante du village Kawama, les mains tremblantes d’émotion. Cette scène chaotique, survenue le 12 mai, révèle une crise profonde qui secoue le cœur minier de la RDC.
Des creuseurs artisanaux, initialement rassemblés pour une pétitation revendicative, ont basculé dans la violence. Les équipements de la COMAKAT – coopérative minière artisanale – gisent en miettes : vitres éventrées, camions démembrés, bureaux saccagés. Un pillage systématique qui a emporté argent, téléphones et espoirs de dialogue.
« Comment justifier l’agression d’infirmiers en plein service ? », s’indigne le communiqué de la plateforme des organisations de la société civile. Leur condamnation unanime pointe un paradoxe : ces sites censés nourrir des familles deviennent des arènes de règlements de comptes.
Les revendications initiales des creuseurs restent énigmatiques. Un flou qui interroge sur les racines du conflit. Frustrations accumulées ? Concurrence pour les ressources ? Le ministre provincial de l’Intérieur garde silence, tandis que trente manifestants croupissent en garde à vue.
Cette explosion de violence éclaire crûment les tensions chroniques dans les zones minières du Lualaba. Entre creuseurs artisanaux et structures organisées comme la COMAKAT, la cohabitation tourne au duel. « Le minerais nourrit son homme, mais il le tue aussi à petit feu », philosophe un ancien mineur croisé près du site.
La société civile lance un appel urgent : transformer ces poudrières en espaces de médiation. Car derrière les pierres cassées, c’est tout un modèle de gouvernance minière qui vacille. Quel avenir pour ces milliers de creuseurs si chaque revendication dégénère en chaos ? La réponse conditionnera la stabilité sociale de cette province stratégique.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net