Les chiffres glacent le sang : 114 vies emportées en une nuit à Saba, des centaines de familles sinistrées à Mwenga. Le Sud-Kivu suffoque sous une série de catastrophes naturelles qui révèlent la vulnérabilité croissante de la région face aux dérèglements climatiques. Une urgence humanitaire et écologique qui exige des réponses immédiates.
Dans la chefferie de Basile, la nature s’est déchaînée dans la nuit du 10 au 11 mai. Des vents violents arrachent les toitures de la paroisse Sainte Marie, transformant le lieu de culte en symbole de la détresse régionale. « Nos prêtres ont vécu l’enfer, coincés sous les débris », témoigne Hilaire Isombya du cadre de concertation de la société civile. Écoles, églises et habitations : aucun bâtiment n’a résisté à la fureur des éléments.
Ce drame local s’inscrit dans une hécatombe régionale. Kalehe, Mwenga et Fizi forment désormais un triangle maudit où les pluies diluviennes redessinent la carte des risques climatiques. À Saba, le bilan macabre ne cesse de s’alourdir : corps repêchés dans la boue, infrastructures vitales réduites à l’état de ruines, populations prisonnières des eaux.
Comment en est-on arrivé là ? Les experts pointent une double menace : l’intensification des phénomènes météorologiques extrêmes et une déforestation massive qui prive les sols de leur capacité d’absorption. Les collines du Sud-Kivu, jadis protégées par leur manteau végétal, deviennent des pièges mortels à chaque averse.
Les conséquences humaines sont implacables. Des milliers de déplacés errent dans des zones devenues hostiles. L’accès à l’eau potable se raréfie, les risques d’épidémies augmentent. « Nous dormons à ciel ouvert, sans nourriture ni médicaments », alerte une survivante de Mwenga dont la voix tremble encore de terreur.
Face à cette crise multidimensionnelle, l’aide humanitaire tarde à se structurer. Les organisations locales sonnent l’alarme : sans intervention rapide, toute une génération risque de sombrer. Mais au-delà de l’urgence, c’est un nouveau modèle de développement qu’il faut inventer. Des solutions existent : reboisement massif, systèmes d’alerte précoce, urbanisme adapté…
La tragédie du Sud-Kivu pose une question cruciale : jusqu’à quand fermerons-nous les yeux sur ce laboratoire des catastrophes climatiques ? Chaque minute perdue creuse le lit des prochaines inondations. L’heure n’est plus aux constats, mais à l’action conjuguée de tous les acteurs.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd
