Une accalmie relative est observée depuis début avril à Walikale Centre, chef-lieu du territoire éponyme. Environ 20% de la population déplacée serait revenue, selon le dernier rapport du Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA). Mais cette trêve fragile masque une réalité plus sombre. Comment expliquer cette contradiction ?
Dans le reste du territoire de Walikale, les affrontements armés se poursuivent sans relâche. Le 13 avril, des combats ont éclaté à Kashebere et Kibati, provoquant de nouveaux exodes non quantifiés. Ces violences s’ajoutent aux déplacements massifs enregistrés fin mars : plus de 4 000 personnes fuyaient alors les axes Walikale Centre, Kampala et Nyasi. Survivant dans des abris de fortune autour de l’hôpital général de Walikale ou dans les villages du secteur des Wanianga, ces déplacés manquent cruellement de nourriture, de soins médicaux et de protection.
La situation s’avère tout aussi critique dans le territoire voisin de Masisi. Des combats entre groupes armés ont secoué Masisi Centre du 1er au 8 avril, faisant 10 morts et 8 blessés. L’Hôpital Général de Masisi, déjà saturé, peine à absorber l’afflux de victimes. Les 11 et 12 avril, les violences se sont propagées aux groupements Banyungu et Buabo, déclenchant un exode massif de plus de 77 000 personnes. Près de la moitié se sont réfugiées à Lwibo, Bikunche et Muroba, tandis que 30 000 autres ont gagné Mafuo ou se cachent dans la brousse.
Plus au nord, le territoire de Beni reste sous la menace des ADF. Onze corps de cultivateurs enlevés le 2 avril ont été retrouvés les 11 et 12 avril près d’Oicha. En réponse, les forces conjointes FARDC-UPDF ont intensifié leurs opérations militaires. Les autorités locales imposent désormais un strict contrôle des déplacements agricoles autour de Mayangose – mesure controversée qui affecte les moyens de subsistance des populations.
Cette escalade intervient dans un contexte sécuritaire déjà délétère. La résurgence du M23 soutenu par le Rwanda maintient près des deux tiers du Nord-Kivu sous tension permanente. Malgré les annonces répétées de pacification, le cycle infernal violence-déplacement-besoin humanitaire semble sans fin. Avec plus de 100 000 déplacés recensés en avril dans ces trois territoires, la crise humanitaire atteint un seuil critique. La communauté internationale parviendra-t-elle à briser cette dynamique destructrice ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
