La ville de Butembo est en alerte. Le commissaire supérieur principal Roger Mowa Baeki-Telly, maire de la commune, a lancé un appel urgent à la population ce lundi 12 mai : toute attaque contre les convois humanitaires du CICR et de la MONUSCO sera sévèrement réprimée. Ces véhicules assurent depuis plusieurs jours l’évacuation vers Lubero de centaines de militaires, policiers et agents de l’État réfugiés pendant trois mois dans la base onusienne de Goma.
Cette opération d’envergure fait suite à l’occupation du Nord-Kivu par les rebelles du M23 en janvier dernier. Près de 800 personnes – désarmées avant leur prise en charge – ont bénéficié de la protection internationale dans des conditions sécuritaires extrêmes. « Au regard de cet acte humanitaire posé en notre faveur, j’en appelle à la conscience de tous », a déclaré l’autorité urbaine dans un communiqué officiel.
La mise en garde tombe à pic. Plusieurs incidents ont été signalés ces dernières semaines sur l’axe Goma-Lubero, théâtre de tensions persistantes. Le maire précise que les contrevenants s’exposeront à des « poursuites judiciaires immédiates ». Une formulation sans équivoque qui souligne la gravité des enjeux : la MONUSCO et le CICR représentent aujourd’hui le dernier rempart contre l’effondrement sécuritaire dans la région.
Comment expliquer cette hostilité envers des opérations vitales ? Certains observateurs pointent le climat de défiance historique envers les acteurs internationaux. D’autres évoquent des tentatives de déstabilisation par des groupes armés locaux. Quoi qu’il en soit, les humanitaires font désormais office de cibles mobiles sur des routes hautement stratégiques.
Les conséquences d’un blocage seraient catastrophiques. Près de 200 véhicules blindés doivent encore effectuer la navette dans les prochains jours pour achever le transfert des personnels étatiques. Un calendrier serré qui exige une coordination parfaite entre forces locales et appui logistique onusien.
Cette crise met en lumière le rôle clé du Nord-Kivu dans l’équilibre sécuritaire congolais. Alors que les rebelles du M23 continuent de menacer l’Est du pays, la sécurisation des corridors humanitaires apparaît plus que jamais comme une priorité nationale. Butembo, plaque tournante économique de la région, joue ici un rôle décisif.
La communauté internationale suit la situation heure par heure. Les récentes attaques contre des convois d’aide ont déjà entraîné le report de plusieurs missions critiques. Une question se pose désormais : jusqu’où ira la patience des bailleurs de fonds face à ces entraves répétées ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net