Une vague de terreur a frappé le secteur de Bapere au territoire de Lubero (Nord-Kivu) entre le 17 et le 19 mai 2024. Selon des sources concordantes de la société civile locale, une trentaine de civils ont été exécutés lors d’attaques attribuées aux rebelles des Forces Démocratiques Alliées (ADF). Le bilan, qualifié de provisoire, pourrait s’alourdir alors que les recherches se poursuivent dans cette zone reculée.
Chronologie d’une tragédie annoncée
Les premiers assauts remontent au 7 mai à Mambembe, village stratégique sur l’axe Butembo-Mangurejipa. Des témoins rapportent qu’un civil a été froidement abattu, tandis que des biens précieux étaient emportés avant l’incendie d’habitations et d’un véhicule. Cette attaque éclair aurait servi de prélude à une escalade meurtrière.
Dans la nuit du 8 au 9 mai, les localités de Maseme et Mushora ont subi le même sort. Plus d’une dizaine de résidents ont péri sous les coups des assaillants, selon des membres de la protection civile contactés par notre rédaction. Le nombre exact de disparus reste indéterminé à ce stade.
Une stratégie de terreur systématique
Les jours suivants, les rebelles ont étendu leurs opérations aux villages Fungulamacho et Katricoise. Vingt civils supplémentaires y auraient été exécutés, portant le bilan global à au moins trente morts en 72 heures. « Toutes les localités touchées sont désormais des villages fantômes », affirme un responsable sécuritaire sous couvert d’anonymat.
Ce déchaînement de violence intervient dans un contexte sécuritaire déjà délétère. Jusqu’où iront les exactions des ADF dans cette région en proie à l’instabilité chronique ? La question hante les survivants, contraints à l’exode dans une indifférence quasi-générale.
Appels à l’action et silence des autorités
Face à cette recrudescence des attaques, la société civile du secteur de Bapere monte au créneau. Elle exige des forces conjointes FARDC-UPDF un redéploiement urgent et des opérations ciblées contre les bases rebelles. « Il faut absolument sécuriser les axes routiers et installer des positions militaires permanentes », plaide un leader communautaire joint par téléphone.
Interrogé par nos soins, le colonel Alain Kiwewa, administrateur du territoire de Lubero, s’est contenté de promettre une « réaction officielle ultérieure ». Une prudence qui contraste avec l’urgence exprimée par les organisations de défense des droits humains sur le terrain.
Ces événements surviennent alors que la région enregistre une augmentation de 40% des incidents sécuritaires depuis début 2024, selon le dernier rapport de la MONUSCO. La protection civile de Bapere tire la sonnette d’alarme : sans renforcement immédiat des dispositifs militaires, de nouvelles tragédies seraient à craindre dans les prochaines semaines.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net