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Ituri : 4 ans sous état de siège, succès militaire ou échec humanitaire ?

Quatre ans après la proclamation de l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, le bilan de cette mesure exceptionnelle reste contrasté. Dans l’Ituri, les discours officiels se heurtent à une réalité marquée par la persistance des violences et des déplacements massifs.

Un régime militaire qui affiche ses succès

Le gouvernement provincial de l’Ituri dresse un tableau optimiste de ces 1 460 jours sous administration militaire. Selon le lieutenant Jules Ngongo, porte-parole des autorités, près de 80 % du territoire d’Irumu aurait été pacifié. Des chiffres présentés comme le résultat d’opérations combinées ayant permis le retour partiel des déplacés dans certaines zones.

Les forces de sécurité auraient également rétabli la libre circulation sur des axes stratégiques, tandis que des marchés et écoles auraient rouvert dans le Mambasa. « L’État contrôle désormais des localités qui étaient des bastions inaccessibles il y a quatre ans », insiste le porte-parole militaire.

Sur le terrain, l’envers du décor

Ce récit triomphaliste est vivement contesté par les organisations locales. Dans le territoire de Djugu, épicentre des tensions communautaires, plus de 60 sites de déplacés abritent toujours des familles en détresse. « Comment parler de succès quand les milices imposent encore leur loi dans nos villages ? », s’indigne Charité Banza, président de la société civile de Djugu.

Des sources humanitaires évoquent au moins 134 attaques armées recensées depuis janvier 2024. La Road Track Bunia-Komanda, présentée comme sécurisée, reste le théâtre d’embuscades récurrentes. Preuve que les groupes armés adaptent leurs tactiques plutôt que de disparaître.

Le paradoxe humanitaire

Alors que les autorités militaires mettent en avant le retour de 220 000 déplacés, plus d’un million de personnes restent prises au piège. Les camps surpeuplés de Roe, Blukwa et Tché voient chaque mois arriver de nouveaux fugitifs fuyant les exactions.

« L’état de siège a déplacé le problème plutôt que le résoudre », analyse un observateur international sous couvert d’anonymat. Les checkpoints militaires multipliés entraveraient paradoxalement l’acheminement de l’aide tout en nourrissant des allégations de corruption.

Une sortie de crise en impasse ?

Face à ce bilan en demi-teinte, les appels se multiplient pour une réévaluation de la stratégie. Certains élus provinciaux réclament un retour à l’ordre constitutionnel, arguant que le régime d’exception n’a pas tenu ses promesses sécuritaires.

Pendant ce temps, les forces armées promettent une « phase décisive » dans les prochains mois. Reste à savoir si cette annonce préfigure une véritable offensive ou simplement un habillage médiatique avant l’échéance de 2025.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net

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