Dans un nouveau coup de force, les rebelles de la coalition AFC/M23 ont pris le contrôle de la chefferie de Luhwinja, territoire de Mwenga au Sud-Kivu, dans la soirée du mardi 6 mai. Aucun coup de feu n’a été signalé lors de cette avancée qui confirme l’expansion silencieuse mais méthodique du groupe armé. Zone clé pour ses gisements aurifères, Luhwinja devient ainsi le premier bastion tombé dans ce territoire depuis la prise symbolique de Bukavu en février dernier.
Cette conquête s’inscrit dans une escalade préoccupante. La semaine précédente, Kaziba était déjà passée sous domination rebelle après 48 heures de combats acharnés contre les Wazalendo soutenus par les FARDC. Une résistance insuffisante face à la stratégie d’encerclement et de pression constante des assaillants.
Les rebelles étendent désormais leur emprise sur quatre autres groupements : Luchiga, Kabalole, Luduha et Idudwe. Selon des témoins sous couvert d’anonymat, les forces de l’AFC/M23 ont contourné les défenses locales à Ngando, Chihumba et Kashanga avant de s’emparer de ces zones minières stratégiques. Une manœuvre qui interroge sur les failles sécuritives dans la région.
La progression vers le site de Twangiza Mining, à moins de 5 km de Luchiga, suscite des inquiétudes économiques et géopolitiques. Acquise en 2014 par Banro Corporation, cette usine de transformation d’or a été rachetée par des intérêts chinois en 2020. Le contrôle rebelle sur ce pôle industriel pourrait-il modifier les équilibres régionaux ? La question agite les observateurs alors que Pékin garde un silence remarqué sur la crise.
Des notables locaux dénoncent une « occupation calculée » visant les ressources plutôt que le territoire. Avec 65% des réserves congolaises d’or concentrées au Sud-Kivu, chaque avancée rebelle représente un manque à gagner pour l’État. Les pertes fiscales se chiffreraient déjà en millions de dollars selon une source proche du ministère des Mines.
Les FARDC maintiennent pourtant leur stratégie de contre-offensive graduelle. Des renforts militaires auraient été déployés vers Kamituga et Lugushwa, deux localités voisines encore sous contrôle gouvernemental. Mais l’absence de réaction immédiate après la chute de Luhwinja alimente les critiques sur la capacité à protéger le cœur minier du pays.
La communauté internationale reste en retrait tandis que les populations fuient vers Kalehe et Bukavu. Le HCR rapporte que 12 000 déplacés ont franchi la frontière ougandaise depuis début mai. Une crise humanitaire qui pourrait s’aggraver si les combats atteignent les sites industriels, où des milliers d’emplois sont en jeu.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
