Dans un geste de solidarité remarquable, l’hôpital de la Rive à Kinshasa a reçu ce lundi 5 mai un don de médicaments essentiels pour ses patients atteints de lèpre. Cette initiative portée par l’ASBL Les Mbwetete (« Les étoiles » en lingala) illumine le quotidien de personnes souvent oubliées, rappelant que cette maladie millénaire reste une réalité sanitaire en République Démocratique du Congo.
Une réponse concrète à un besoin urgent
Les produits pharmaceutiques offerts – pansements stériles, antibiotiques et antiseptiques – constituent une première ligne de défense vitale contre les infections bactériennes. Comme l’explique le Dr Papy Mambo, directeur médical de l’établissement : « Ces blessures chroniques nécessitent des soins quotidiens. Sans traitement approprié, une simple égratignure peut entraîner des complications gravissimes ».
La lèpre, causée par la bactérie Mycobacterium leprae, attaque les nerfs périphériques et la peau. Si le traitement antibiotique standard (polychimiothérapie) permet aujourd’hui de guérir la maladie, les séquelles physiques nécessitent une prise en charge prolongée. « Imaginez vivre avec des mains insensibles : vous pourriez vous brûler sans même le sentir », illustre un soignant de l’hôpital.
Mémoire d’un engagement et continuité humanitaire
Cette action s’inscrit dans l’héritage de Mgr Édouard-Marie Mununu Kasiala, décédé en 2020, dont l’œuvre caritative inspire toujours l’ASBL. Ghislaine Kumanisa, coordinatrice de l’association, insiste : « Notre combat va au-delà du médical. Il s’agit de restaurer la dignité humaine bafouée par les préjugés. »
L’abbé Éric Bwanga, aumônier de l’hôpital, souligne lors de la messe commémorative : « Chaque pansement distribué est un acte de résistance contre l’indifférence. La lèpre ne se transmet presque plus aujourd’hui grâce aux traitements, mais la peur irrationnelle persiste. »
Un modèle de prise en charge globale
L’hôpital de la Rive accueille une soixantaine de patients lépreux en internat permanent et près de 200 en consultation externe mensuelle. Son approche holistique combine soins médicaux, soutien psychosocial et réinsertion professionnelle. « Guérir le corps ne suffit pas. Beaucoup ont perdu leur famille et leur emploi à cause de la maladie », explique un travailleur social.
Les défis restent immenses : selon l’OMS, la RDC enregistre encore environ 3 000 nouveaux cas de lèpre par an. Pourtant, comme le rappelle l’Organisation Mondiale de la Santé, un diagnostic précoce permet d’éviter 95% des handicaps liés à cette maladie.
Comment agir concrètement ?
Cette initiative interpelle sur l’importance du soutien aux structures locales. Les dons en nature (médicaments, matériel orthopédique) et les parrainages de patients représentent des leviers d’action accessibles à tous. « Un kit de pansements mensuel coûte moins cher qu’un repas au restaurant », compare Ghislaine Kumanisa.
Au-delà de l’aide matérielle, les spécialistes insistent sur l’éducation sanitaire. Démystifier la lèpre reste crucial dans un pays où certains croient encore à une malédiction. Comme le souligne un ancien patient : « Ce qui fait le plus mal, ce ne sont pas les plaies, mais le regard des autres. »
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
